La politique canadienne en 140 caracteres : la vie des partis dans l'univers Twitter.

AuthorSmall, Tamara A.

La technologie numérique a eu de profondes incidences sur la communication politique. Le présent article se concentre sur une application numérique, Twitter. Ce dernier s'inscrit dans une tendance technologique plus large, appelée Web 2.0, qui met le Web en valeur avec davantage d'interaction et de collaboration. De nombreux auteurs ont fait valoir que le Web 2.0 est lié de près à la démocratie électronique et soulignent l'importance de rehausser le rôle des internautes. La démocratie électronique cherche à faire participer les cybercitoyens au processus politique; de nouvelles applications du Web 2.0 sont susceptibles d'accroître leur incidence sur le système démocratique. L'auteure soutient que, bien que de nombreux politiciens canadiens utilisent Twitter, ils le font surtout pour diffuser des informations officielles concernant leur parti. Leur recours à Twitter jusqu'à présent donne peu de signes de leur adhésion aux caractéristiques du Web 2.0.

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Créé en 2006, Twitter est un hybride entre le réseautage social et le microblogage. > Twitter est le site de microblogage de prédilection dans le monde. En février 2008, Nielsen News a indiqué que Twitter comptait près de 500 000 usagers. En l'espace d'un an, ce nombre avait augmenté de 1 382 % (2). Toutefois, seule une très faible proportion des usagers de Twitter sont canadiens. Selon un sondage Ipsos-Reid, >n (3). Dans la même veine, Sysomos Inc. a constaté que seulement 5,69 % des usagers dans le monde proviennent du Canada (4). Néanmoins, il a ajouté que le pays se situe au troisième rang pour ce qui est du nombre de twitternautes.

Comme dans le cas des autres sites de réseautage social, un usager crée un compte. Twitter permet aux usagers de rédiger une mise à jour de 140 caractères, appelée > ou >. On peut diffuser les tweets au moyen d'un message instantané ou texte, d'un téléphone cellulaire, d'une application tierce, y compris Facebook, d'un courriel ou du Web. À l'origine, Twitter a été conçu comme un service de mise àjour mobile en réponse à une question : Qu'est-ce que tu fais? En novembre 2009, Twitter a remplacé la question officielle par > [Quoi de neuf'?.]. Sous >, on trouve le nombre de personnes dont l'individu suit les mises à jour sur Twitter, tandis que, sous >, on voit celui des gens qui reçoivent et lisent les gazouillis de ce même individu. Le fait d'être suivi et de suivre peut permettre une relation réciproque entre twitternautes. Toutefois, il n'est pas obligatoire d'être abonné à Twitter pour avoir accès à la page d'une personne. Toutefois, les gazouillis des personnes suivies sont livrés directement à la page de l'abonné.

Méthodologie

Cette analyse constitue un exemple de recherche sur > dans Interner. La recherche sur l'offre recourt à une certaine forme d'analyse de contenu pour déterminer la structure et le contenu des sites. Cette méthode se distingue de la recherche sur la >, qui examine la façon dont les internautes réagissent aux sites Web de ce type. La recherche sur la demande exploite généralement des données recueillies par sondage. Donc, pour évaluer la manière dont les politiciens canadiens utilisent Twitter et la mesure dans laquelle cette utilisation contribue à la création d'une communauté virtuelle, une analyse de contenu des comptes Twitter des partis ou des leaders ayant un siège au Parlement fédéral ou dans une assemblée législative provinciale a été réalisée en juillet 2009. Les comptes Twitter ont été repérés à la fois au moyen du moteur de recherche interne de Twitter et de Google. Chaque page a ensuite été codée d'après une grille résultant d'études antérieures et de l'intérêt du chercheur. Le registre des codes a été prétesté et affiné. L'analyse de contenu a été axée sur l'ensemble du compte Twitter et sur les tweets pris séparément de chaque parti ou leader ayant un siège au Parlement fédéral ou dans une assemblée législative provinciale. Chaque compte Twitter a été codé en fonction des catégories suivantes : un total de 729 éléments on(été lus et codés.

La vie des partis politiques canadiens dans l'univers Twitter

Reposant sur l'analyse de contenu, le tableau 2 présente les comptes appartenant à un parti parlementaire canadien en juillet 2009. Au cours de la période visée par l'analyse, 30 partis politiques, au total, détenaient un siège dans une assemblée législative provinciale ou au Parlement fédéral. Le NPD de la Saskatchewan a été le premier parti parlementaire à créer une page Twitter. Son premier tweet remonte au 7 août 2008. Pendant la campagne électorale de 2008, les partis politiques canadiens ont utilisé Twitter. Avant la publication du décret de convocation des électeurs, Stephen Harper a établi un compte Twitter, devenant ainsi le premier dirigeant fédéral à le faire. En l'espace de 10 jours, les quatre autres chefs de parti ont également créé un compte. La plupart des sites Twitter des partis politiques provinciaux sont apparus en 2009. On recense 27 comptes Twitter liés à un parti parlementaire -- aussi bien les partis politiques que les chefs utilisent Twitter.

La constatation du fait que les partis et les chefs possèdent des présences distinctes en ligne n'est pas nouvelle dans la vie politique dans Internet. Voerman et Boogers y voient > (5). Aux élections néerlandaises de 2003, les chefs des partis politiques ont utilisé des sites Web différents du site officiel du parti. Voerman et Boogers en ont conclu que les sites des chefs cherchaient à attirer la sympathie des électeurs en levant le voile un tant soit peu sur la vie personnelle du chef du parti. Au Canada, les chefs n'ont jamais mis en place de sites Web différant du site officiel du parti. Cela dit, ils tendent à dominer les sites Web des partis, sur les plans de l'image et du contenu. La personnalisation est également évidente au chapitre de l'utilisation des sites de réseautage social. Au cours des élections fédérales de 2008, plusieurs grands partis possédaient deux pages Facebook : une pour le parti national et une pour le chef du parti. Les > des chefs ont eu accès à certaines informations personnalisées. Par exemple, ils ont appris que le premier ministre était en train d'écrire un livre sur les débuts du hockey professionnel. James Stanyer fait valoir que la personnalisation est devenue une caractéristique clé des systèmes de communications politiques contemporains. Il écrit :

L'arrivée des médias électroniques, en particulier, a procuré à la population un flux constant d'images des principaux acteurs politiques, ainsi que d'information. Des politiciens de premier plan aux États-Unis et en Grande-Bretagne ne sont pas seulement devenus des acteurs que l'on reconnaît, mais aussi des étrangers >; au fil du XXc siècle, leur vie privée en est lentement devenue à être considérée comme un objet acceptable de révélation journalistique et de dévoilement de soi (6). Compte tenu de cette tendance grandissante sur le plan de la communication politique, il est possible que l'utilisation de Twitter par les dirigeants soit personnalisée et intime, et se distingue des tweets des partis politiques qu'ils représentent.

L'utilisation de Twitter varie selon les régions au Canada. On ne compte que cinq collectivités territoriales oø tous les partis ,parlementaires ou leurs dirigeants sont actifs sur ce plan. A l'exception de la Nouvelle-Écosse, le gazouillage brille par son absence dans le Canada atlantique. Cette situation pourrait éventuellement s'expliquer par le fossé numérique. Le terme > renvoie à un écart entre ceux qui ont accès aux technologies numériques et ceux qui n'y ont qu'un accès très limité, voire pas d'accès du tout.

Il existe des fossés des points de vue du revenu, de l'éducation et de la race dans de nombreux pays. En dépit du taux élevé de pénétration d'Internet au Canada, divers fossés existent. Il convient d'évoquer l'existence de fossés régionaux et linguistiques dans ce contexte. Selon Zamaria et Fletcher, les écarts entre les régions pour ce qui est de l'utilisation d'Internet sont étonnants. Des données recueillies à la...

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