Televote et les Canadiens: lecons a tirer des courses a la direction.

AuthorR. Kenneth Carty

Le present article examine certaines experiences de televote dans le choix des leaders politiques et analyse sommairement la reaction des votants face a ce mecanisme. Quelle a ete leur l'experience du televote? Qu'en pensent-ils? Car, en definitive, c'est la reponse a de telles questions qui devrait permettre de determiner si le televote peut convenir a l'ensemble du systeme.

Le 28 fevrier 1996, le Directeur general des elections (DGE) du Canada a remis au Parlement un rapport qui propose de nombreuses modifications a la Loi electorale du Canada. Ces propositions tiennent compte de l'impact des changements rapides qui sont en train de transformer a la fois le tissu social du pays et ses normes democratiques, ainsi que de la nouvelle technologie disponible pour la tenue des elections. Le rapport souligne egalement les rigidites inherentes au systeme, qui font que les procedures electorales detaillees doivent etre enoncees dans la loi qui, par definition, n'est pas facile a modifier. Le rapport recommande notamment qu'on autorise le DGE a mener des projets pilotes au cours d'une election pour mettre a l'essai de nouvelles procedures electorales. Il s'agit de permettre au DGE de > de nouvelles technologies et procedures avant de proposer qu'elles soient adoptees (ou non) a l'echelle du pays. L'exemple dont il est question dans le rapport est le vote par telephone, le televote.

Pour bien des gens, le televote semble presque inevitable, une evidence de la democratie electronique vers laquelle nous nous dirigeons a grands pas. Pour ses partisans, cette technologie contient la promesse d'une reelle efficacite organisationnelle et le televote pourrait bien etre l'outil d'un suffrage universel continu, qui deviendrait un element vital des decisions gouvernementales. D'autres, moins optimistes, craignent que le televote ne contribue qu'a aliener et fragmenter davantage un processus electoral ou la dimension collective et publique de la chose politique serait ecartee au profit de gestes individuels et prives.

Certes, des experiences de televote a petite echelle (lors d'elections partielles peut-etre, comme le propose le DGE) devraient permettre d'evaluer l'utilite generale de cette technologie, mais nous disposons deja de > importantes. Quatre partis politiques provinciaux ont deja utilise le televote pour choisir leurs chefs, dont un devait devenir premier ministre (1) . Que nous apprennent ces courses a la direction sur les avantages et les inconvenients du televote? L'analyse de trois d'entre elles nous en a beaucoup appris sur les implications de ces nouvelles facons de choisir leur chef pour les partis et pour les decisions qu'ils prennent (2) .

Le televote et les partis provinciaux

Les resultats du televote lors des quatre courses provinciales a la direction ne sont pas nets. Bien que les votants n'aient pas ete tres nombreux, dans deux cas on a eprouve des difficultes techniques. Voici le nombre de personnes ayant vote: Conservateurs de Saskatchewan (1994): 3 298; Liberaux de Colombie-Britannique (1993): 6 540; Liberaux de N.-E. (1992): 6 998; Liberaux d'Alberta (1994): 11 004.. Dans le cas du televote du Parti liberal de la Nouvelle-Ecosse (le premier a tenter l'experience), il y a eu une panne du systeme et le parti a ete oblige de reprendre le vote deux semaines plus tard. La course a la direction des Liberaux de l'Alberta a aussi...

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