Une carriere parlementaire pour les scientifiques et les ingenieurs.

AuthorLavoie, Marie

Alors que l'ordre du jour de la Chambre des communes est submergé de questions liées à des crises scientifiques et technologiques, rares sont les scientifiques et les ingénieurs qui y siègent comme députés. Les auteures du présent article soulignent que, s'il est difficile de déterminer avec précision pourquoi il y a si peu de députés provenant de ces milieux, en revanche, les partis politiques et les universités ont un rôle à jouer en incitant ces spécialistes à entrer en politique. Ils devraient, en effet, élaborer une stratégie proactive afin d'inciter les scientifiques à embrasser la carrière parlementaire.

**********

L'expertise en sciences et en génie se trouve au coeur même de la croissance économique, et elle est indispensable à la résolution des enjeux les plus complexes auxquels sont confrontés les pays depuis quelques années. Au Canada, un certain nombre de crises ont été particulièrement sévères, menaçant la santé et la sécurité de la population et soulevant de profondes préoccupations relativement à la capacité du gouvernement d'agir avec rapidité et précision. Les crises nucléaires à répétition aussi bien que les problèmes liés à la santé publique, aux changements climatiques, à l'environnement, à l'innocuité des médicaments, à la bioéthique et à la biodiversité sont à l'origine de défis complexes qui appellent des solutions conçues par des experts en sciences et en technologie et auxquels on doit s'attaquer dans le nouveau contexte mondial.

Alors que nous sommes assaillis par toutes ces crises, nous ne savons guère vers qui nous tourner pour obtenir des conseils et de l'expertise à la Chambre des communes. En fait, les scientifiques et les technologues ont toujours été sous-représentés au Parlement, exception faite des médecins, qui ont constamment compté parmi les dix catégories professionnelles les plus représentées à la Chambre des communes depuis 50 ans. Très peu d'élus possèdent une compréhension de base de la méthode et de l'esprit scientifiques et technologiques. Toutefois, cette faible représentation n'est pas unique au Canada. En effet, à la Maison Blanche et dans nombre de pays européens, on demande à grands cris qu'il y ait plus de scientifiques et d'ingénieurs au sein des parlementaires. Le nouveau gouvernement américain a reçu des indications claires à cet égard de la part du président Obama, qui, dans son discours inaugural, a affirmé qu'il projetait de redonner à la science la place qui lui revient légitimement. Des millions de dollars ont été annoncés pour soutenir la recherche aux États-Unis pendant qu'au Canada, en raison d'une crise de financement des sciences, nos meilleurs scientifiques quittent le pays pour aller chez nos voisins du sud, oø on leur fait d'alléchantes propositions.

La réaction aux grands désastres scientifiques et technologiques ne constitue pas l'unique (ni même le plus important) rôle des experts. L'innovation étant le moteur de la croissance économique, les experts jouent un rôle charnière dans la traduction des progrès scientifiques et technologiques en progrès économiques et, panant, en une amélioration du bien-être socioéconomique. Quand l'économie est en crise, les capacités scientifiques et technologiques jouent un rôle capital. Sans pareille expertise, il n'y aurait ni société moderne ni croissance économique possibles.

Depuis de nombreuses années, les spécialistes nous mettent en garde contre les investissements à courte vue. Ils recommandent, en outre, fermement que les entreprises et les pays investissent plutôt dans l'innovation, non seulement pour rester concurrentiels, mais encore pour réduire les coûts, trouver des traitements pour des maladies incurables et prévenir les crises. Les investissements en sciences et en technologie requièrent une perspective politique à long terme, ne laissant aucune place à la politique de coup de frein et d'accélérateur. Une injection constante d'argent frais est essentielle, d'autant plus que nous sommes confrontés à une concurrence internationale marquée et de plus en plus intense et que nos voisins du sud ne regardent pas à la dépense quand il s'agit d'investir dans ces domaines. Les marchés du travail en science et en technologie sont poreux et les experts de ces domaines vont au plus offrant.

Plaidoyer pour de l'expertise en science et en génie à la Chambre des communes

La difficulté de déterminer exactement pourquoi ces spécialistes songent rarement à embrasser la carrière politique est encore plus inquiétante. La raison est-elle liée à leur profil de développement professionnel? Ou est-ce parce qu'ils considèrent la politique comme étant trop désordonnée? Bien que leur travail soit souvent axé sur des choses et des faits (plutôt que des gens), ces experts tiennent essentiellement nos vies entre leurs mains.

Compte tenu du rôle central joué par les sciences et la technologie dans la croissance économique et de la fréquence des crises observée récemment, les difficultés causées par celles-ci forment une grande partie de l'ordre du jour de la Chambre des communes et le Parlement doit en être saisi. L'expertise de la communauté scientifique est requise pour cerner...

To continue reading

Request your trial

VLEX uses login cookies to provide you with a better browsing experience. If you click on 'Accept' or continue browsing this site we consider that you accept our cookie policy. ACCEPT