Candidats et deputes des minorites visibles: mise a jour basee sur les elections federales de 2008.

AuthorBlack, Jerome H.

Si la place et l'expérience des minorités visibles au sein de l'élite parlementaire fédérale continuent de receler une part d'inconnu, il existe en revanche une réalité qu'on comprend parfaitement : ces minorités sont sous-représentées, non seulement parmi les candidats, mais surtout parmi les députés. L'auteur du présent article se sert des élections fédérales de 2008 comme base d'observation et de vérification pour déterminer si les interprétations des études réalisées sur les élections tenues entre 1993 et 2006 au sujet du nombre de députés issus de minorités visibles sont encore valides. Il traite également des membres de ces groupes qui se sont portés candidats à cette élection. Son étude fait suite à des recherches préalables sur la candidature en tant que condition sine qua non à l'entrée aux Communes. Il a dû non seulement > les candidats, mais aussi examiner sous quelles bannières ils ont fait campagne et leurs chances de gagner dans les circonscriptions oø ils se sont présentés--tout cela pour mieux cerner la volonté des partis de recruter des membres des minorités visibles comme candidats sérieux pouvant remporter des sièges au Parlement.

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Aux élections fédérales de 1993, des membres de minorités visibles ont, pour la première fois, été élus à la Chambre des communes en nombre important, et plusieurs études ont ensuite porté sur l'évolution de la situation jusqu'à l'élection de 2006 (1). En gros, les chercheurs ont constaté qu'à l'exception de l'élection de 2000, le nombre de candidats issus de minorités visibles qui ont réussi à gagner des sièges a augmenté à chaque élection. L'augmentation a toutefois été modeste d'une élection à l'autre et a, en fait, suivi la croissance des minorités visibles dans l'ensemble de la société canadienne. Ce qui est frappant, c'est qu'en 2006, la proportion du pourcentage des députés issus de minorités visibles par rapport au pourcentage de celles-ci dans la population était presque identique à celle de 1993. En d'autres termes, le niveau de > ne s'est pas amélioré au fil du temps.

Le tableau 1 reprend les données de différentes études portant sur les cinq élections tenues entre 1993 et 2006 et présente également les données nouvelles de l'élection de 2008. La première ligne du tableau fournit des estimations, tirées du recensement, de la population issue des minorités visibles au Canada au moment des six élections. La section a) indique le nombre et le pourcentage des députés issus de minorités visibles qui ont été élus ainsi que la proportion du pourcentage de députés par rapport au pourcentage des minorités visibles dans la population. Cette dernière comparaison reflète le niveau de représentation des minorités visibles au sein du Parlement par rapport à leur poids démographique (plus le ratio est petit, plus la sous-représentation est grande). Les deux généralités déjà relevées à l'égard des élections qui se sont déroulées entre 1993 et 2006 sont bien évidentes dans la première section. Tout d'abord, à l'exception des élections de 2000 par rapport à celles de 1997, le nombre absolu de députés issus de minorités visibles et le pourcentage de sièges qu'ils détenaient ont crû d'une élection à l'autre, mais, comme nous l'avons dit, l'augmentation a été faible. Deuxièmement, la proportion des députés par rapport aux minorités visibles dans la population indique que le déficit de représentation a persisté au fil du temps. En 1993, cette proportion se situait à 0,47 et en 2006, à 0,48. À ces deux élections, il aurait fallu doubler le nombre de candidats de minorités visibles victorieux pour combler l'écart.

Les résultats de l'élection de 2008 n'ont pas fait état non plus d'une amélioration de la situation à la Chambre des communes. En réalité, elle s'est plutôt détériorée. Vingt-quatre députés issus de minorités visibles ont été élus en 2006, contre seulement 21 en 2008 : la proportion des 308 sièges à pourvoir est passée à 7,8 à 6,8 %. Le pourcentage de la population des minorités visibles dans la société canadienne est, par contre, passé de 16,2 % à 17,3 % (2). Comme le nombre de députés a régressé et que celui de la population a augmenté, il s'ensuit une baisse du ratio de représentation au scrutin de 2008. Pire encore, à 0,39, ce ratio est inférieur à celui de 1993. Bref, au bout de cinq élections, les minorités visibles sont plus mal en point en matière de représentation au Parlement.

La section b) présente des informations équivalentes sur le nombre de personnes issues de minorités visibles et candidates aux élections fédérales. Ne sont inclus dans le calcul que les principaux partis politiques, c'est-à-dire les formations qui ont remporté des sièges au Parlement de 1993 à 2008. Il appert que, jusqu'en 2000, les minorités visibles ne représentaient qu'un segment limité et très peu variable du bassin de candidats. Même lorsque leur poids démographique est passé de 9,4 à 13,4 %, elles ne représentaient que 5 % des candidats des grands partis. Elles ont cependant réalisé une nette amélioration en 2004, en doublant le pourcentage de leur représentation (9,3 %); le résultat a été à peu près le même en 2006 (9 %). Quant au scrutin de 2008, ce pourcentage a connu une légère hausse et est passé à 10,1% des députés des...

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