Declin du parlement est-il irreversible?

AuthorBalthazar, Louis

Le present article examine certains Jacteurs qui ont contribue au declin du parlement, y compris la perte de signification graduelle de l'ordre politique et la tendance de l'executif a fonctionner comme si le parlement n'existait pas. L'auteur formule quelques suggestions susceptibles de renverser ce declin.

Je fais toujours sursauter un auditoire quand je rappelle que, pour Aristote, la politique se situe au sommet de la morale. Pourquoi en sommes-nous venus a considerer plutot ordre politique comme devant etre amoral sinon immoral ou, tout simplement, comme c'est le cas, dans la tradition americaine depuis le debut, comme un mal necessaire? Bien sur, on peut toujours blamer les politiciens eux-memes, dont le comportement est loin d'etre toujours exemplaire. C'est la pourtant, a mon avis, un reflexe facile et qui ne nous menera pas loin. D'abord, ces politiciens, nous les avons elus et ils ne se sont jamais autant evertues a nous plaire qu'a notre epoque. Peut-etre meme est-ce la une partie du probleme: ils cherchent trop a nous plaire, a satisfaire nos exigences les plus immediates, les plus materialistes, les moins nobles. Dans le plus pur style de l'economie de marche, ils nous donnent ou plutot ils cherchent a nous donner, car ils n'y reussissent jamais, ce qui comble nos appetits de bien-etre les moins reflechis.

En fait, nos representants repondent essentiellement a des pressions, resultant d'interets particuliers, tres souvent, disons-le, d'interets egoistes. S'ils nous parlent, dans leurs beaux discours, de l'interet general, du bien commun, ils n'y croient pas vrailnent, pas plus que nous d'ailleurs. Pourtant, la politique n'est-elle pas le lieu par excellence de l'exercice de la justice sociale, de l'egalite de tous les citoyens, d'une certaine redistribution de la richesse et, panant, de la garantie d'une securite fondamentale pour tous? Nous avons perdu, pour une bonne part, le sens de la solidarite sociale qui, en definitive, est la raison essentielle de l'ordre politique. Nous avons perdu en meme temps le sens du devoir de societe, c'est-a-dire le sens de la responsabilite sociale.

Les grands mouvements de neo-liberalisme (on devrait plutot dire de liberalisme archaique puisqu'on a tendance a evacuer les correctifs modernes apportes au liberalisme pur) ont largement contribue a faire oublier ce sens communautaire qui est a la base du politique. Le liberalisme a triomphe heureusement d'une menace communiste qui n'a jamais su s'accorder avec un minimum de democratie. Il a, du meme souffle, accorde toute la place a un systeme d'economie de marche fonde sur l'individualisme et la liberte de tout vendre et de tout acheter au meilleur prix. Il a grandement accentue nos comportements individualistes et il en a amene plusieurs a croire que la vraie democratie etait celle du marche. Nos vrais representants, ce seraient ceux qui reussissent a nous vendre leur camelote, car, a-t-on dit, nous votons pour eux, nous les elisons en achetant leur produit. On a dit du politique que c'etait l'art de vendre aux gens ce qu'ils ne veulent pas acheter, de faire fonctionner ce qui ne fonctionnerait pas dans l'economie de marche.

Nous savons bien qu'il en va autrement. Nous savons que notre simple comportement d'acheteur ne suffirait jamais a nous donner des services sociaux, une politique culturelle, un systeme d'education vraiment democratiques. Nous assistons presentement a une prise de conscience, qui s'etend de plus en plus a une large couche de la population, quant aux contradictions du systeme capitaliste mondial fonde sur la liberte debridee des entreprises d'investir et de se developper la ou...

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