Un entretien avec Jean-Pierre Blais.

AuthorAsian, Arabelle
PositionInterview

JEAN-PIERRE BLAIS DETIENT UNE maitrise en droit de l'Universite de Melbourne, en Australie, ainsi qu'un baccalaureat en droit civil et un baccalaureat en common law de l'Universite McGill. Au cours de sa carriere exceptionnelle, M. Blais a occupe differentes fonctions: il a notamment ete avocat au sein du cabinet montrealais Martineau Walker (1985 a 1991), directeur executif de la radiodiffusion au Conseil de la radiodiffusion et des telecommunications canadiennes (1999 a 2002), sous-ministre adjoint, Affaires internationales et intergouvernementales (2002 a 2004), sous-ministre adjoint, Affaires culturelles (2004 a 2011) au ministere du Patrimoine canadien, et secretaire adjoint, Secteur des operations gouvernementales, au Secretariat du Conseil du Tresor (2011 a 2012). Depuis 2012, M. Blais est president du Conseil de la radiodiffusion et des telecommunications canadiennes. Ses realisations ont ete soulignees a diverses reprises. En 2010, il a recu le prix d'excellence en leadership de l'Association professionnelle des cadres superieurs de la fonction publique du Canada. En 2016, on lui a octroye la Medaille du Souverain pour les benevoles en reconnaissance de son devouement soutenu aupres de l'Hopital d'Ottawa et de sa Fondation.

L'equipe de la Revue de droit d'Ottawa, composee d'Arabelle Asian, Vincent Rocheleau et Daniel Gatto, a rencontre M. Blais aux Terrasses de la Chaudiere, Gatineau (Quebec) au cours du printemps 2016. M. Blais a relate son parcours, debutant par sa formation juridique. Dans l'entretien qui suit, il partage genereusement les experiences qu'il a vecues dans le cadre de ses importantes fonctions, en ponctuant son recit de reflexions a propos de divers domaines du droit, qui interesseront tant l'etudiant en droit que le juriste chevronne et le grand public.

JEAN-PIERRE BLAIS HOLDS A Master of Laws from the University of Melbourne in Australia, as well as a Bachelor of Civil Law and a Bachelor of Common Law from McGill University. Over the course of his distinguished career, Mr. Blais has worked in a number of positions, including as attorney with the Montreal-based firm Martineau Walker (1985 to 1991), Executive Director of Broadcasting at the Canadian Radio-television and Telecommunications Commission (1999 to 2002), Assistant Deputy Minister of International and Intergovernmental Affairs (2002 to 2004), Assistant Deputy Minister of Cultural Affairs (2004 to 2011) at the Department of Canadian Heritage, and Assistant Secretary of the Treasury Board Secretariat's Government Operations Sector (2011 to 2012). Since 2012, Mr. Blais is Chairperson and Chief Executive Officer of the Canadian Radio-television and Telecommunications Commission. His achievements have been commended multiple times. In 2010, he received the Award for Excellence in Leadership from the Association of Professional Executives of the Public Service of Canada. In 2016, he received the Sovereign's Medal for Volunteers in recognition of his ongoing dedication to the Ottawa Hospital and its Foundation.

The Ottawa Law Review's team, composed of Arabelle Asian, Vincent Rocheleau and Daniel Gatto, met with Mr. Blais at the Terrasses de la Chaudiere, Gatineau (Quebec) in the spring of 2016. In the following interview, Mr. Blais relates his professional journey, beginning with his legal education. He generously shares his experiences in a number of important positions, punctuating his story with insights on different areas of the law that will be of interest to law students, experienced jurists, and the general public alike.

Revue de droit d'Ottawa (ci-apres >): Les decisions que prend le Conseil de la radiodiffusion et des telecommunications canadiennes (1) (ci-apres > ou >) affectent directement les Canadiens et Canadiennes par l'entremise de leurs services de communication. Quelles approches avez-vous adoptees pour vous assurer que ces derniers soient au fait de vos activites ?

Jean-Pierre Blais (ci-apres >): Effectivement, le CRTC a toujours tente d'amener les Canadiens et les Canadiennes (ci-apres >) a participer a ses instances. D'apres son histoire legislative, le Conseil a plusieurs missions, mais ce sont toutes des missions pour servir l'interet public. Cela dit, depuis mon arrivee a la tete du Conseil, nous avons tente d'ameliorer comment chercher la participation des Canadiens. Historiquement, lorsque nous avions des audiences publiques, nous faisions des avis de convocation. Les gens venaient aux audiences et nous envoyaient des textes. Mais, on a constate que la technologie pouvait nous outiller mieux pour aller au-dela du modele traditionnel. A l'epoque, c'etait tres complique. Nos audiences sont des audiences qui, quant a la formalite, etant quasi-judiciaires, sont plutot souples. Il n'y a pas de contre-interrogatoires ; il n'y a pas de regles de preuve tres detaillees. En termes du spectre administratif-quasi-judiciaire, c'est plus administratif que quasi-judicaire dans sa structure. Donc, c'etait plus facile en raison de cette souplesse institutionnelle. Mais, nous avons realise que nous pouvions faire beaucoup mieux pour augmenter la participation. Et donc, nous avons adopte plusieurs strategies supplementaires.

D'ailleurs, il y une presentation que je donne de temps en temps a l'Ecole de la fonction publique (2) pour parler de nos experiences. Nos strategies ne marchent pas tout le temps. Lorsque nous avons fait le renouvellement de Radio-Canada (3), par exemple, nous nous sommes dit: > Nous allions peut-etre faire des seances en soiree qui permettraient aux gens qui travaillent pendant le jour de participer. Nous avons eu un grand total de zero personne qui a decide de venir dans ce cadre-la. Nous avons abandonne cette initiative. Mais, ca ne veut pas dire qu'on ne devrait pas, de temps en temps, essayer de nouvelles choses.

Nous utilisons beaucoup Twitter (4) pour rejoindre des auditoires qui sont sur ces plateformes, les medias sociaux. Nous avons une presence grandissante sur notre site Web (5). Il y a dix ans, c'etait peut-etre tres novateur. Aujourd'hui, il faut penser differemment. En 2012, le site Web n'etait pas aussi convivial qu'il ne pouvait l'etre, parce qu'on utilisait notre langage, plutot que le langage ordinaire que les gens utilisent. Ils disent: > Les gens ne pensent pas: > Le probleme avec le service de cable peut etre soit la cablodiffusion televisuelle, mais peut aussi etre l'internet, donc les telecommunications. Nous etions tres sensibles au langage que nous utilisions.

De meme, nous avons inverse l'ordre avec Parlons tele (8). Nous avons parle aux Canadiens en premier et ensuite, nous avons parle aux ayants droit normaux (les compagnies de television, etc.). Nous voulions inverser la conversation pour donner plus de presence aux Canadiens. Nous tenons aussi des forums de discussions en ligne, quelques semaines normalement avant l'instruction orale d'une affaire. Nous l'avons fait dans le cadre du Code sur les services sans fil (9) (ci-apres >): nous avons mis un document de travail en ligne, parfois avec des options. Nous disions aux Canadiens: > Puis, nous l'avons mis en ligne. Les gens ont fait des commentaires. Meme pendant l'audience, les gens ont pu continuer a fournir leurs commentaires. Donc, jusqu'a un certain point, meme si ca se passait dans une petite salle d'audience ici a la Phase IV, Promenade du Portage, a Gatineau, les gens de partout au pays pouvaient reagir et commenter. C'etait d'ailleurs interessant, lorsque certains intervenants, de grandes societes, disaient: >, tous les commentaires recus disaient plutot : > Donc, nous avons vu que c'etait vraiment en temps reel. Vous pouvez imaginer que sur le plan juridique, ca a cree certains enjeux.

C'est quoi le dossier public ? Evidemment, tout est mis sur le dossier public, donc nous respectons quand meme ces enjeux-la.

Permettez-moi de vous fournir un autre exemple. Auparavant, aux audiences, nous utilisions depuis longtemps nos installations de videoconference dans nos bureaux regionaux a Vancouver, Calgary, Regina, Winnipeg, Toronto, Montreal et Dartmouth. Mais, il fallait que les gens se deplacent. Donc, on a commence a utiliser Skype. Si nous sommes capables d'utiliser Skype pour des entrevues au telejournal, pourquoi pas dans une audience ? Oui, des fois ca coupe, mais je crois que les gens apprecient qu'ils n'aient pas besoin de se deplacer peut-etre deux, trois, quatre cents kilometres ou plus pour se rendre a une audience du CRTC.

Donc, nous essayions d'enlever les embuches a la participation, d'enlever notre langage technique et d'utiliser diverses methodes de communication pour rendre les sujets dont nous discutons plus accessibles, parce que, effectivement, le foyer moyen depense au-dela de deux cent soixante-quinze dollars par mois sur des services de telecommunications (10). C'est quand meme considerable. C'est peut-etre le cinquieme item sur le budget familial d'une maisonnee avec des enfants. Sur douze mois, c'est encore plus eleve. Donc, nous essayions d'amener les Canadiens a nos instances et de les faire participer.

Je dirais meme qu'une fois que nous avons pris notre decision, nous continuons d'etre a l'ecoute. Nous recevons a peu pres sept, huit cents contacts par semaine de la part de Canadiens. Ce ne sont pas toujours des plaintes. Des fois, les gens sont heureux, ou ils font des commentaires, ou ont besoin d'informations. Nous nous servons aussi de cette retroaction car nous tentons toujours de nous ameliorer.

Nous avons un projet pilote de clavardage parce que les gens n'ont pas toujours le temps de telephoner et d'attendre en ligne. Je ne sais pas si vous avez vu notre video corporative. Elle dure 1 min 47 s et est disponible sur notre site web et notre page Facebook (11). C'est la premiere fois dans l'histoire du CRTC que nous avons une video corporative. C'est une facon de rejoindre les Canadiens chez eux, dans leur quotidien. A la fin de la video, nous les invitons: > Nous...

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