Entrevue avec l'ambassadeur du Canada et celui des Etats-Unis.

PositionDavid H. Wilkins et Michael Wilson - Interview

Les États-Unis et le Canada partagent non seulement une longue frontière, mais leur histoire, leurs économies, leurs sociétés et leurs intérêts sont intimement liés. Ils entretiennent des relations dont leurs ambassadeurs respectifs, David H. Wilkins et Michael Wilson, sont les principales chevilles ouvrières. Les deux ont été interviewés séparément en janvier 2008. Leurs réflexions sur les différentes questions d'actualité ont été réunies en un seul et même compte rendu d 'entrevue.

Quelles expériences vous ont le mieux préparé à exercer vos fonctions actuelles?

L'ambassadeur Wilkins : J'ai siégé à la Chambre des représentants de la Caroline du Sud pendant 25 ans à titre de membre élu, dont 11 ans à titre de président de la Chambre. J'ai été candidat 13 fois et je sais ce que c'est que de faire campagne pour recueillir des suffrages. Je sais aussi ce que c'est que de gérer un budget, puisque j'ai été responsable du budget de plusieurs millions de dollars de la Chambre et du processus d'adoption, par celle-ci, du budget de plusieurs milliards de dollars qui vise à pourvoir aux besoins de l'État. Parallèlement à ces fonctions, j'ai dirigé pendant plus de 30 ans un cabinet d'avocats très prospère que mon père a fondé. À ce titre, il m'incombait de gérer les affaires du cabinet et les employés et j'étais l'ultime responsable de la santé financière du cabinet et du succès de nos clients.

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Cette expérience m'a énormément aidé à devenir ambassadeur des États-Unis au Canada, la diplomatie étant, au bout du compte, l'élément essentiel à l'établissement de rapports harmonieux. Pendant des décennies à la Chambre, j'ai pu parfaire mes compétences en établissant des alliances stratégiques et en négociant avec les membres des deux camps l'adoption de mesures législatives importantes pour notre État et nos électeurs. J'ai aussi, très souvent, eu à traiter avec les médias et cette expérience m'est aujourd'hui extrêmement précieuse dans ce poste crucial.

L'ambassadeur Wilson : Je suis né à Toronto et j'y ai aussi fait mes études. Après l'obtention de mon diplôme, j'ai travaillé pendant deux ans dans le secteur bancaire, à Londres et à New York. J'ai ensuite été à l'emploi d'une banque d'investissement de Toronto avant d'être élu à la Chambre des communes à titre de député progressiste-conservateur lors de l'élection générale de 1979. J'ai été ministre d'État au Commerce international au sein du gouvernement minoritaire de Joe Clark, qui s'est maintenu au pouvoir pendant neuf mois. J'ai aussi été candidat lors de la course à la direction du Parti progressiste-conservateur en 1983. Lorsque mon parti a pris le pouvoir à l'élection de 1984, je suis devenu ministre des Finances.

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Après sept ans aux Finances, je suis devenu ministre de l'Industrie, des Sciences et de la Technologie et ministre du Commerce international. À ce titre, j'ai participé à la négociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), qui demeure l'une des principales réalisations de ma carrière. En 1993, lorsque j'ai décidé de ne pas solliciter de nouveau mandat, je suis retourné à Bay Street pour diriger mon propre cabinet de consultation et de services financiers. Je suis retourné à la Banque Royale du Canada et suis devenu président-directeur général de RT Capital avant que cette entreprise ne soit vendue à UBS AG, après quoi j'ai accédé à la présidence d'UBS Canada. Au début de 2006, le premier ministre Harper m'a appelé pour me proposer d'exercer de nouveau une charge publique à titre de 22e ambassadeur du Canada aux États-Unis.

Dans l'exercice de mes fonctions de ministre, j'ai souvent eu à me rendre aux É.-U. par affaire. À ce titre, je pense que mon expérience antérieure ne pouvait pas mieux me préparer à mes fonctions actuelles. En raison de sa taille et de son importance, l'ambassade du Canada à Washington fonctionne, à bien des égards, de façon très semblable à un ministère. À titre d'ambassadeur, je participe à tous les aspects de la gestion, qu'il s'agisse d'élaborer des politiques ou de gérer des ressources humaines. À titre de ministre, bien des dossiers que j'ai pilotés mettaient en cause les États-Unis.

Depuis votre accession au poste d'ambassadeur, quelles sont les principales réalisations au chapitre des relations canado-américaines?

L'ambassadeur Wilkins : Lorsque je suis arrivé au Canada à l'été 2005, je me suis promis de donner un nouveau ton aux relations entre les États-Unis et le Canada, en mettant l'accent sur les aspects positifs et en m'efforçant de resserrer les liens déjà solides entre nos deux grandes démocraties. Comme je l'ai dit aux gens que j'ai eu l'occasion de rencontrer lors de mes déplacements dans ce grand pays, pour une raison ou pour une autre, les Canadiens et les Américains ont tendance à s'attarder aux << côtés moins gratifiants >> de notre partenariat plutôt qu'à ses nombreux aspects positifs et à toujours chercher des sujets de controverse alors qu'il y en a si peu. Étant optimiste de nature, il me semble que l'avenir ne peut être que prometteur pour deux pays comme les nôtres, qui peuvent s'enorgueillir d'entretenir les relations les meilleures, les plus pacifiques et les plus productives du monde. Au cours des deux dernières années, je pense qu'un vent d'optimisme a gagné les plus hautes sphères de nos gouvernements respectifs et nous le devons, en grande partie, au président Bush et au premier ministre Harper. Les deux sont intervenus activement dans le dossier du bois d'oeuvre lors du sommet des chefs d'État de Cancun, au Mexique, et ont ainsi pavé la voie au règlement rapide de cette question très litigieuse. Le dossier de I'ESB (vache folle) a, lui aussi, été mené de main de maître et nos frontières sont maintenant ouvertes au boeuf canadien. Toujours dans ce même esprit de collaboration, nous allons poursuivre, cette année, les négociations sur la << question du passeport >>, dans le cadre de l'Initiative relative aux voyages dans l'hémisphère occidental (IVHO). Nous avons déjà fait écho aux préoccupations exprimées par le Canada en reportant à juin 2009 l'entrée en vigueur des nouvelles exigences en matière de passeport pour les voyageurs qui se déplacent par voie terrestre ou maritime et en y soustrayant les enfants de moins de 16 ans.

De concert avec différents États, nous essayons de concevoir un permis de conduire amélioré qui pourra être présenté aux postes frontaliers en lieu et place du passeport. Nous comptons poursuivre notre collaboration avec le Canada et continuer à prêter l'oreille aux préoccupations exprimées par les Canadiens à toutes les étapes du processus de mise en oeuvre, le long de notre frontière nord, des dispositions adoptées par le Congrès en ce qui concerne I'IVHO.

L'ambassadeur Wilson : L'accord conclu avec les États-Unis en avril 2006 pour mettre fin à notre différend de longue date au sujet du bois d'Luvre compte parmi nos principales réalisations. Il énonce les modalités d'un règlement juste et durable et respecte les objectifs et les intérêts du Canada. Sa conclusion ouvre aussi la voie à l'établissement de relations commerciales bilatérales plus étroites, dont...

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