Génération Z – Des Z consommateurs aux Z collaborateurs, Edited by Élodie Gentina and Marie‐Ève Delécluse, Dunod, Paris (2018)
DOI | http://doi.org/10.1002/cjas.1505 |
Published date | 01 September 2019 |
Date | 01 September 2019 |
Book Review/Recensions de livre
Reviewed by Loïc Plé, Deputy Director for Pedagogy and
Academic Development, Associate Professor, Strategy
IÉSEG School of Management
Génération Z –Des Z consommateurs aux Z collaborateurs,
Edited by Élodie Gentina and Marie-Ève Delécluse,
Dunod, Paris (2018)
L’ouvrage d’Élodie Gentina et de Marie-Ève Delécluse
ambitionne de traiter d’un sujet qui paraît à la fois simple et
complexe: quelles sont les conséquences sociétales,
économiques et managériales de l’arrivée de la génération
dite Z? Question simple en apparence, tant les articles de
presse sur le sujet sont légion et l’expliquent pour l’essentiel
à travers un déterminisme technologique. En d’autres
termes, la grille de lecture permettant de comprendre les
transformations portées par « les Z », comme les appellent
les auteures, prendrait pour seul et unique point de départ
la technologie. Cette génération étant composée de « digital
natives », un tel tropisme peut s’expliquer, sinon s’excuser.
Cependant, comme tout déterminisme, celui-ci est par trop
limitant, et nécessite d’être dépassé. Car comme le notent
les auteures dès les premières lignes de leur introduction,
la réponse à cette question requiert une analyse beaucoup
plus fine. Si « l’avènement des technologies de l’information
et de la communication » joue bien sûr un rôle crucial, elles
réfutent tout déterminisme en ajoutant que « les conditions
de vie de la société post-industrielle […] mais aussi les nou-
velles relations familiales […] participent à la construction
de la génération Z » (p. 1).
Ainsi, en combinant mise en perspective d’études et de
travaux de recherche antérieurs d’un côté, et réalisation
d’une enquête auprès de 3,000 représentants de cette génér-
ation Z de l’autre, cet ouvrage décrit et analyse les
changements induits par cette génération dans les sphères
sociétale et managériale. Chacun des cinq chapitres est
d’ailleurs divisé selon cette distinction sociétal-managérial.
Cela permet de donner aux managers et responsables
d’entreprise, auxquels l’ouvrage est destiné, une image
globale du profil de ceux qui sont ou seront leurs (futurs)
consommateurs et collaborateurs. A cette fin, le livre
fourmille d’illustrations concrètes, de témoignages et
d’extraits d’entretiens réalisés auprès de managers, de
chercheurs ou de représentants de la Génération Z.
Avant tout, l’introduction précise la notion même de
génération, qui doit être considérée, d’après les travaux de
Attias-Donfut (1991) selon une triple perspective.
Démographique, tout d’abord: il s’agit d’un « ensemble de
personnes qui ont vécu un événement précis au même âge
et en même temps » (p.2), à savoir ici les individus nés après
1995. Ethnologique, ensuite: les parents de ces individus
sont, en règle générale, de la Génération X. Sociologique,
enfin: l’ensemble de personnes susmentionné a « une vision
du monde semblable et un mode de pensée commun »: goûts
musicaux, vêtements, façons de se comporter, etc.
Le premier chapitre, « de la connexion à l’ultra-connex-
ion », bat d’emblée en brèche toute tentation de
déterminisme technologique: si les Z ne peuvent se passer
de technologie, ils ne peuvent ni ne veulent faire sans rela-
tion physique et sociabilité réelle. Les mondes numérique
et physique sont complémentaires et se renforcent
mutuellement. Ceci met doublement en tension les
entreprises. En effet, leur stratégie numérique doit
simultanément simplifier le parcours client, et améliorer «
l’expérience collaborateur » (p. 31) en facilitant les interac-
tions et les échanges en interne, et entre les collaborateurs
et les différentes parties prenantes de l’entreprise (clients,
fournisseurs, candidats à un poste, etc.). Le numérique pour
le numérique est inutile, s’il n’est pas au service des hommes
et de leurs interactions.
Le second chapitre traite du rapport des Z à l’autorité,
qui ne peut plus leur être imposée, mais qu’àl’inverse ils
veulent pouvoir choisir. A l’origine de ce changement,
l’évolution des relations familiales où les parents ont
progressivement substitué à la force un jeu subtil de
négociations « faisant appel à l’intelligence de leur enfant
» (p. 44) comme fondement de leur autorité. Ceci se
prolonge dans les sphères de l’éducation ou de la
consommation, pour s’étendre à l’entreprise. Si, pour
surprenant que cela puisse paraître, les Z considèrent que
Canadian Journal of Administrative Sciences
Revue canadienne des sciences de l’administration
36: 450–451 (2019)
Published online 9 August 2018 in Wiley Online Library (wileyonlinelibrary.com) DOI: 10.1002/CJAS.1505
Can J Adm Sci
36(3), 450–451 (2019)© 2018 ASAC. Published by John Wiley & Sons, Ltd. 450
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