Un incendie, un fauteuil et du papier à lettres à en-tête : Les armoiries du Canada ont 100 ans.

AuthorPass, Forrest

Il y a un siècle cet automne, le gouvernement du Canada adoptait de nouvelles armoiries. Dans cet article, l'auteur relate les événements l'ayant incité à discuter d'un nouveau motif, et note comment le Parlement et les parlementaires ont influencé son choix de façons inattendues.

**********

Les armoiries du Canada risqueraient d'être différentes si l'édifice du Centre de la Colline du Parlement n'avait pas brûlé en 1916. Ces armoiries auront cent ans en novembre, et l'origine de cet agencement de lions, de fleurs de lis et de feuilles d'érable, avec une licorne pour faire bonne mesure, est peu connue, même parmi les passionnés d'héraldique.

Même en 1921, la discussion sur les armoiries ne captiva pas autant l'imagination de la population que le fit le grand débat sur le drapeau une quarantaine d'années plus tard. La question ne suscita pas non plus d'importants désaccords partisans; le Parlement ne réfléchit même pas aux motifs des armoiries, laissant les membres du Cabinet prendre une décision à ce sujet, et ceux-ci, à leur tour, déléguèrent cette décision aux fonctionnaires qui les conseillaient.

Si la question des armoiries ne suscita jamais de débat animé à la Chambre des communes, des documents relatifs au comité sur les armoiries conservés par Bibliothèque et Archives Canada révèlent que l'influence du Parlement et des parlementaires eut des conséquences plus subtiles et inattendues.

La reconstruction de l'édifice du Centre après l'incendie dévastateur de 1916 fut l'occasion de réexaminer les symboles canadiens, et, lorsque les discussions entre les membres du comité canadien sur les armoiries et les hérauts anglais se heurtèrent à une impasse, l'intervention rapide des membres de l'Empire Parliamentary Association, précurseur de l'Association parlementaire du Commonwealth, donna un nouvel élan au projet.

Une question brûlante

Au cours de la décennie 1910, le gouvernement du Canada se devait de se doter de nouvelles armoiries tout autant, probablement, qu'il avait besoin d'un nouveau drapeau au cours des années 1960. Depuis 1868, un écusson qui intégrait les armoiries des provinces servait d'armoiries de fortune au gouvernement et au pays. Au début, le motif rendant hommage aux quatre provinces d'origine était relativement simple, mais, avec l'ajout de nouveaux emblèmes des provinces et des territoires, il devint de plus en plus compliqué. Par ailleurs, les anciens motifs ne disparurent jamais. L'écusson à quatre provinces demeura le seul motif >, mais des écussons représentant cinq, sept et neuf provinces apparurent sur des drapeaux, des souvenirs et même des documents officiels.

Pour Edward Marion Chadwick, la reconstruction de l'édifice du Centre en ruines était le moment idéal pour modifier les armoiries du Canada. Il croyait également être la personne toute désignée pour le faire. Cet avocat de Toronto était un chercheur passionné d'héraldique ayant réalisé les armoiries de la Saskatchewan, remanié les emblèmes héraldiques de l'Ontario et conçu pour le Yukon un écusson qui inspira les armoiries du territoire longtemps après sa mort. Vers la fin de 1917, Chadwick rédigea une proposition détaillée de nouvel emblème du Canada, sur lequel figuraient des éléments britanniques et français, et qui tenait compte de son intérêt de longue date pour l'imagerie des Premières Nations.

Chadwick trouva un allié en la personne du sénateur Angus Claude MacDonnell, qui veilla à ce que sa proposition parvienne à John Pearson, l'architecte du nouvel édifice du Centre. Cela intrigua Pearson. Le 19 janvier 1918, il demanda à Thomas Mulvey, soussecrétaire d'État de l'époque : > Moins d'une semaine plus tard, à la demande de Pearson, le sousministre des Travaux publics fit de nouveau pression sur Mulvey pour que ce dernier propose des motifs et des croquis.

L'architecte devait cependant s'armer de plus de patience, car Chadwick ne s'était pas distingué par le motif de ses armoiries auprès de sir Joseph Pope, soussecrétaire d'État aux affaires extérieures et chef de protocole de fait du gouvernement. Aux yeux...

To continue reading

Request your trial

VLEX uses login cookies to provide you with a better browsing experience. If you click on 'Accept' or continue browsing this site we consider that you accept our cookie policy. ACCEPT