Un Parlement etudiant en Alberta.

AuthorYeung, Howard

Un silence solennel règne sur le parquet de l'Assemblée législative de l'Alberta, et il est soudainement interrompu par trois coups bruyants frappés sur les lourdes portes d'acajou à l'entrée de la Chambre. Les portes s'ouvrent, les députés trépignent, et un homme proclame : > Le sergent d'armes, le lieutenant-gouverneur, le premier ministre et le greffier font subitement leur entrée, passent devant le bureau du greffier et prennent place à leur siège respectifs. Les députés se laissent tomber sur leurs fauteuils, écoutent l'émouvante lecture du discours du Trône, frappent sur leurs bureaux en signe d'approbation, et ensuite se lèvent d'un bon dans une vibrante ovation.

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C'est ainsi que s'amorça l'inauguration de la simulation parlementaire annuelle de 2005 pour les étudiants du secondaire de l'Alberta. En tout, 82 étudiants des quatre coins de la province s'étaient réunis sous le dôme, en ce samedi matin, pour une fin de semaine de débats et de formation sur les processus parlementaires. Ces étudiants de 10e, 11e et 12e année provenaient de tous les horizons, avaient le goût de participer à des débats et comprenaient bien les sujets d'actualité. Beaucoup d'entre eux avaient déjà pris part à des activités politiques et presque tous avait pratiqué d'autres formes de bénévolat au sein de leur collectivité. Leurs curriculum vitae ressemblent, en fait, à ceux des députés provinciaux actuels. Seuls leur taille, leur coupe de cheveux et leur look branché laissent transparaître leur âge. Les messieurs n'ont pas encore tout à fait maîtrisé l'art du noeud Windsor simple et leur cravate s'entête à rester de travers, tandis que certaines dames perdent de leur assurance lorsqu'elles vacillent sur leurs talons hauts.

La veille, dans la rotonde de l'Assemblée, des participants de l'année précédente prenaient plaisir à revoir les visages connus et s'arrêtaient parfois pour présenter un nouveau venu. Quelques-uns se démarquaient nettement des autres et se montraient aussi confiants que des politiciens chevronnés, tandis que d'autres restaient à l'écart, en admiration devant le splendide décor de marbre couleur d'aurore et l'aura de pouvoir qui se dégage de l'Assemblée législative. Mais il faut vitre mettre un terme aux tractations politiques, puisque les étudiants font leur entrée à la Chambre pour assister à une séance de breffage sur les rouages de la procédure parlementaire. Mme Jamie Tronnes, adjointe de Stephen Harper et diplômée de l'Université de l'Alberta, s'est déplacée jusqu'à Edmonton pour l'occasion : elle donnera la séance de breffage et assumera la présidence de la Chambre pour la fin de semaine. Elle réalise l'exploit de condenser des centaines de pages d'ouvrages faisant autorité sur la procédure et les usages parlementaires en un survol du Parlement en 15 minutes. Pour les anciens participants, c'est du déjà vu; mais pour les nouveaux, c'est assez impressionnant. Tous auront la chance de mettre leurs connaissances de la procédure en pratique bien assez tôt. Pour l'instant, ils doivent se réunir dans leur salle de caucus pour un marathon de 24 heures de stratégie et de manoeuvres politiques.

Les professeurs qui les accompagnent regardent la scène d'un air amusé et savent pertinemment que bon nombre des plans les mieux ficelés finiront en queue de poisson. Certains étudiants convoitent clairement les postes de direction et s'affairent à obtenir l'appui de leurs pairs dans leurs écoles depuis des semaines déjà. Cependant, comme aucune des délégations scolaires ne possède suffisamment de sièges pour dominer l'Assemblée, les étudiants doivent chercher des appuis à l'extérieur de leur propre délégation. Tout l'art de la coalition réside dans le calcul de ceux qui nous appuieront et, parfois, dans le règlement de comptes. La rivalité entre les écoles a une influence certaine : beaucoup d'étudiants ont déjà participé à d'autres joutes oratoires interécoles et ont la ferme intention de déjouer de solides rivaux ou écoles. Le Parlement étudiant force donc ces étudiants à mettre de côté au moins une partie de leurs différends et, dans l'esprit de la plus pure tradition parlementaire, ils s'empressent de négocier et de former des alliances.

Des étudiants universitaires bénévoles agissent à titre de conseillers auprès des caucus pendant la fin de semaine et guident les étudiants pour l'élection d'un chef de parti, d'un leader parlementaire et d'un whip. Les conseillers s'assurent que chacun de ces postes est occupé par des étudiants d'écoles différentes, afin de favoriser la participation et d'éviter...

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