Perspectives sur le role du ministre de l'Education.

AuthorRouble, Patrick
PositionArticle vedette

L'éducation est un portefeuille important pour tout cabinet provincial ou territorial. Le ministre de l'Education prend des décisions et collabore avec d'autres pour s'acquitter de fonctions précises qui touchent les étudiants et la société dans son ensemble. On considère généralement qu'il contribue grandement à façonner l'avenir et, à ce titre, la pression de réussir et de bien faire son travail est énorme. Étonnamment, pour un poste aussi important, les personnes nouvellement nommées à ce poste se retrouvent souvent mal préparées à tout ce que l'on attend d'elles. Dans le présent article, l'auteur, ancien ministre de l'Éducation d'un territoire, résume ses recherches de doctorat sur le leadership en éducation. Au moyen d entrevues avec d autres anciens ministres de l'Éducation de partout au pays et de tous les horizons politiques, il a cherché à obtenir une compréhension interprétative du poste à partir de la lorgnette de l'identité. Les témoignages des anciens ministres se recoupent en quatre thèmes : le changement d'identité, l'expression de l'identité, l'éducation à l'identité et la confiance datas l'identité. Il conclut en exprimant l'espoir que son analyse et ses recherches nous aideront à mieux préparer les personnes qui occupent ces postes à comprendre leurs rôles et responsabilités.

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Lorsque j'ai pris la décision de quitter mes fonctions de représentant élu, j'ai décidé de retourner sur les bancs d'école pour poursuivre mes études. Ayant été ministre de l'Éducation du Yukon, j'ai pensé qu'il serait approprié d'étudier le leadership en éducation.

Dans mes conversations avec les étudiants et les professeurs, j'ai été surpris de constater à quel point le rôle du ministre de l'Éducation était mal compris. Peutêtre leur compréhension du rôle était-elle aussi faible que celle des nouveaux ministres de l'éducation? La base de ma thèse de doctorat allait s'articuler sur cette idée : tenter de remédier à cette situation.

Mieux comprendre l'expérience d'occuper le poste de ministre de l'Education s'est avéré un projet académique stimulant et intéressant. Le poste est complexe et comporte de multiples facettes. Il faut remplir les fonctions de politicien, de représentant élu, de décideur et de leader. Et faut diriger dans l'éducation, domaine aux perpétuels débats et aux valeurs qui touchent les gens personnellement. . Il a été intéressant, frustrant et gratifiant de revoir l'expérience du point de vue d'un chercheur. Ce fut l'occasion d'étudier diverses perspectives philosophiques, d'examiner des théories en sciences politiques (ce queje n'avais pas fait avant d entrer en politique) et d'examiner attentivement comment les autres avaient vécu la situation. Le présent article résume brièvement mes recherches, mes conclusions et mes idées découlant de mes études doctorales. La thèse complète, Anxiety, Authority mid Accountability : The Experience of Being a Minister Responsible for Education, est disponible en ligne (1).

J'ai commencé mes recherches par un examen de ce que l'on savait sur la fonction de ministre de l'Éducation, y compris les fonctions prévues par la loi, les mécanismes et les conventions du poste. Les points de vue sur ce que signifie être un politicien, un député de l'Assemblée législative et un ministre du Cabinet étaient variés, tout comme la perception actuelle de ce qu'est le leadership en éducation. Même si j'ai occupé ce poste pendant cinq ans, cette activité de recherche a été une sorte de révélation. Lorsque je suis arrivé en fonction, je n'avais pratiquement aucune formation ou orientation pour me préparer à ce que j'allais vivre. À part un après-midi avec le greffier, une journée avec un spécialiste des communications et une pile de cahiers d'information, il y avait très peu de préparation à mon intention. Il semble que bon nombre de mes collègues se soient retrouvés dans la même situation. Comme l'ont fait remarquer plusieurs chercheurs, dont Loat et MacMillan (2), les nouveaux élus, y compris les ministres, ont tendance à mal comprendre le rôle qu'ils sont sur le point de jouer.

La comparaison des lois provinciales sur l'éducation, la recherche sur les concepts de responsabilité ministérielle et de solidarité du Cabinet et l'examen des théories sur le leadership ont permis d'établir une compréhension théorique du poste. Cependant, je souhaitais essayer d'expliquer comment les gens vivaient réellement l'expérience d'être ministre de l'Éducation. Pour ce faire, j'ai utilisé une approche méthodologique herméneutique et phénoménologique --en langage simple, j'ai interviewé des anciens ministres de l'Éducation de partout au pays, j'ai analysé leurs commentaires et j'ai présenté une compréhension thématique nuancée de l'expérience.

Des statistiques intéressantes sont ressorties lorsque j'ai examiné qui avait occupé un poste de ministre provincial de l'Éducation. Environ 81 personnes ont été ministres provinciaux de l'Éducation entre 2000 et 2016. La durée moyenne du mandat était d'un peu moins de deux ans. Seulement 34 personnes (42 %) ont occupé le poste pendant plus de deux ans. La répartition par sexe était de 62 % d'hommes et 38 % de femmes. De plus, 52 % des ministres possédaient une vaste expérience dans le domaine de l'éducation (soit parce qu'ils avaient travaillé dans ce domaine, soit parce qu'ils avaient fait des études postsecondaires dans ce domaine). Ces données divergent de la pratique courante qu'ont les premiers ministres de confier la responsabilité d'un portefeuille ministériel à des personnes qui ne sont pas des experts en la matière.

Afin d'entendre le point de vue d'un assez large éventail de personnes et de recueillir de bons témoignages, j'ai interviewé cinq anciens ministres de l'Education. Les participants comprenaient tant des hommes que des femmes; il s'agissait d'anciens représentants de cinq provinces de l'Ouest, des Prairies, du Centre du Canada et des Maritimes ; ils étaient membres des partis conservateur, libéral ou néo-démocrate; et provenaient de diverses professions (y compris des anciens enseignants). J'ai préserver la confidentialité des participants à l'étude. En plus d'être une condition du comité d'évaluation éthique de l'université, je crois que le fait de garder l'identité des participants confidentielle a encouragé des discussions franches et ouvertes.

Les participants à l'étude ont été généreux de leur temps et ont fait...

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