Titres de civilite feminins anglophones au Parlement: Miss; Mrs., Ms. ou aucun de ceux-ci.

AuthorLeBlanc, Amanda
PositionArticle vedette

Lorsqu'il est question des titres anglophones utilises dans le contexte officiel de la Chambre legislative ou dans le cadre un peu moins formaliste des salles de comites, les femmes sont dans une position unique, dans la mesure oo plusieurs titres de civilite conventionnels s'offrent a elles : Miss, Mrs. ou Ms. Chaque terme renvoie a un statut different, meme s'il s'agit du meme genre, selon qu'une femme est celibataire ou mariee ou, a defaut d'un meilleur terme, que son statut soit indetermine et, par consequent, que le titre ne soit pas lie a la situation conjugale. Le present article explore les differentes facons de nommer les femmes au Parlement et s'appuie sur l'historique de l'usage general des titres de civilite feminins depuis le tournant du XXe siecle. L'article vise aussi a reevaluer certains aspects du langage parlementaire actuel a la lumiere de l'utilisation des titres de civilite sans distinction de sexe.

**********

Un bref historique de Ms.

Durant la conference de 2016 de l'Association des editeurs des debats (2), a St. John's (Terre-Neuve-et-Labrador), les participants a un groupe de discussion ont suggere que le titre le plus populaire aupres des femmes parlementaires au Canada etait Ms. Il semble donc logique de commencer, justement, notre analyse par le titre Ms., qui represente un changement relativement recent de la facon dont on nomme les femmes dans la langue anglaise. Meme si les exemples fournis ci-dessous sont exclusivement americains (comme l'est aussi l'origine du terme), l'utilisation du titre Ms. est repandue et acceptee dans les cultures anglophones. En 2009, le linguiste americain Ben Zimmer a retrace l'origine de l'expression Ms. dans cm numero de 1901 du Sunday Republican, un journal de Springfield (Massachusetts). Un bref article anonyme proposait que ce titre etait une solution elegante a privilegier lorsqu'on ne connaissait pas l'etat matrimonial d'une femme, parce que, en effet, >. L'auteur estimait que le titre etait respectueux, > et facile a prononcer et qu'il s'agissait aussi d'une fusion de Miss et Mrs. (ces deux expressions etant le resultat d'une evolution de titres plus anciens reserves aux femmes maitres, soit Mistress, du moyen anglais, et maistresse, du moyen francais (3)).

Il y a d'autres exemples historiques anterieurs de l'utilisation de Ms., mais dans aucun de ces cas ne decrit-on les merites de ce titre comme dans l'extrait du Republican. Le premier exemple documente est la pierre tombale taillee il y a 250 ans de Sarah Spooner, du Massachusetts, et cet exemple reflete peutetre davantage le desir de brievete du titre d'un > en abregeant simplement Mistress ou Miss, plutot que d'inventer un nouveau titre (4). Un autre exemple remonte a 1898. Le Milwaukee Sentinel avait alors vraisemblablement utilise Ms. comme une forme abregee de Mrs. (5), dans le titre d'un article sur la vedette du cinema muet Caroline Dudley Carter, appelee professionnellement Mrs. Leslie Carter. Vu le divorce tres mediatise de Mme Carter d'un riche homme d'affaires de Chicago neuf ans plus tot ainsi que la persistance notoire avec laquelle elle a tenu a conserver son nom de mariage tout au long de sa carriere, il ne serait pas exagere de voir dans ce choix un commentaire editorial involontaire de la part du redacteur, qui avait alors choisi de modifier le titre Mrs. (6)

La popularite du titre Ms. s'est accrue dans les annees 1950 et a fini par devenir emblematique du mouvement feministe des annees 1970, avec la creation, en 1971, de Ms. Magazine. De nos jours, Ms. reflete un certain respect en restant ambigu et en faisant fi de la question de l'etat matrimonial. Cependant, plutot que d'etre un moyen d'eviter la > de s'adresser incorrectement a une femme, qui entrainerait une perte de reputation selon le collaborateur du debut du XXe siecle du Republican, de nos jours, la motivation est davantage associee a la remise en question de la pertinence des normes relatives au statut conjugal et au sexe associees a la facon dont on s'adresse aux gens ainsi que de la valeur souvent attribuee aux titres de civilite feminins. On peut meme aller un peu plus loin et avancer que l'utilisation d'un titre lie au genre peut devenir problematique si les options disponibles ne repondent pas aux besoins d'une personne. J'en dirai plus a ce sujet plus tard lorsque j'aborderai la question de l'utilisation d'un langage neutre au Parlement.

Ms. et Mrs. au Parlement

En fevrier 2010, Glen McGregor, du Ottauxi Citizen, a souligne que, des 69 femmes alors a la Chambre des commimes, plus de deputees du gouvernement conservateur preferaient le > de Mrs. (les deux tiers des conservatrices, comparativement au quart des deputees liberales, par exemple) (8). La representation feminine a la Chambre des commimes a atteint un niveau record apres les elections de 2015, et, des 92 femmes actuellement elues, 24 utilisent le titre Mrs. Cependant, du point de vue statistique, c'est un titre de civilite qui est en declin. En effet, en 2010, de facon generale, 39 pour cent des femmes l'utilisaient (9), alors qu'il n'en reste plus aujourd'hui que 13 pour cent. Sans surprise, les liberaux, qui possedent la majorite a la Chambre, ont pris les devants, avec 13 femmes qui utilisent ce titre, comparativement a neuf conservatrices, une neodemocrate et une bloquiste. Fait interessant, l'utilisation...

To continue reading

Request your trial

VLEX uses login cookies to provide you with a better browsing experience. If you click on 'Accept' or continue browsing this site we consider that you accept our cookie policy. ACCEPT