Vestons,cravates et tenues équivalentes : Le maintien des norms genrées par les codes vestimentaires des assemblées législatives.

AuthorKorte, Kate

Dans la littérature existante sur les codes vestimentaires, il est très peu question des assemblées législatives. Les recherches précédentes tendaient plutôt à porter sur d'autres institutions, comme les établissements scolaires ou médicaux. En vue de combler cette lacune, le présent article propose un examen approfondi des codes vestimentaires en vigueur dans les parlements canadiens et de leur mise en application. L'autrice suggère que les codes vestimentaires réifient des normes genrées en matière de tenue professionnelle et qu'ils perpétuent l'archétype qui veut que les parlementaires soient des hommes en veston-cravate. La composante << veston-cravate >> des codes vestimentaires, ancrée de longue date, est l'élément le plus récurrent. Les attentes concernant la tenue des femmes et les tenues autochtones, culturelles ou traditionnelles se sont ajoutées par la suite et sont moins souvent imposées. Ces codes vestimentaires entretiennent l'image du politicien comme un homme en costume-cravate, ce qui, en revanche, restreint les options vestimentaires des hommes, voire des personnes non binaires. Par conséquent, l'autrice soutient que les codes vestimentaires constituent des obstacles à la pleine prise en compte de la diversité de genre et de culture dans les assemblées législatives.

Introduction

En mars 2019, l'attention du public s'est portée sur le code vestimentaire de l'Assemblée législative de la ColombieBritannique, auquel un groupe de femmes reprochaient de qualifier d'inacceptables les chemises sans manches. Elles ont revendiqué le << droit aux manches courtes >>, ou << the right to bare arms >>, une expression qui allait bientôt devenir un mot-clic viral en politique canadienne. Dans les jours qui ont suivi, les dispositions du code vestimentaire de l'Assemblée législative ont été modifiées afin de mieux refléter les attentes modernes en matière de tenue professionnelle. Le mouvement du << droit aux manches courtes >> et les modifications du code vestimentaire qui ont suivi ont lancé une conversation plus large sur les codes vestimentaires dans les législatures canadiennes. Si cette question n'était pas d'une grande importance à l'époque où chaque parlementaire était un homme en costume, la diversité croissante des assemblées législatives provinciales et territoriales nous oblige à examiner de plus près la façon dont les codes vestimentaires pourraient s'appliquer dans les législatures d'aujourd'hui. Par << code vestimentaire >>, on entend généralement un ensemble de règles et de directives codifiées qui définit la tenue vestimentaire appropriée dans un environnement donné. Ces codes sont distincts, mais se fondent sur des traditions et des normes tacites. Dans les assemblées législatives provinciales et territoriales du Canada, les codes vestimentaires préconisent généralement une tenue professionnelle. La définition de la tenue professionnelle est genrée. Par convention ou règle codifiée, la plupart des codes vestimentaires exigent que les hommes portent un veston et une cravate, tandis que les femmes doivent porter une tenue équivalente.

Cet article compare les codes vestimentaires en vigueur qui s'appliquent aux membres des assemblées législatives du Canada et examine les mentions des codes vestimentaires figurant dans les hansards afin de déterminer la façon dont ces codes ont été appliqués. Dans l'ensemble, la documentation existante sur les codes vestimentaires n'aborde pas le cas des assemblées législatives et se concentre plutôt sur d'autres institutions, comme les établissements scolaires ou médicaux. Ma recherche comble une lacune dans la littérature en examinant en détail les codes vestimentaires existants et leur mise en application. Je suggère que les codes vestimentaires réifient des normes de genre en matière de tenue professionnelle et qu'ils véhiculent l'archétype du parlementaire en veston-cravate, forcément de sexe masculin. La composante << vestoncravate >> des codes vestimentaires, ancrée de longue date, est l'élément le plus récurrent. Les attentes concernant la tenue des femmes et les tenues autochtones, culturelles ou traditionnelles se sont ajoutées par la suite et sont moins souvent imposées. Ces codes vestimentaires entretiennent l'image du politicien comme un homme en costume-cravate, ce qui, en revanche, restreint les options vestimentaires des hommes, voire des personnes non binaires. Par conséquent, je soutiens que les codes vestimentaires constituent des obstacles à la pleine prise en compte de la diversité de genre et de culture dans les assemblées législatives.

Méthodes

Cet article combine une analyse comparative des codes vestimentaires dans les assemblées législatives provinciales et territoriales du Canada avec une analyse du contenu du hansard de chaque assemblée, duquel les références au code vestimentaire ont été extraites. Une recherche primaire portant sur les divers documents relatifs à la tenue vestimentaire et sur les mentions du code vestimentaire dans les hansards m'a permis de définir ce que les assemblées législatives provinciales et territoriales considèrent comme une tenue appropriée. Ma recherche s'intéresse à deux types de documents : les ordres, règles ou directives officiels sur la tenue vestimentaire, et les mentions de la tenue vestimentaire trouvées dans les hansards des assemblées législatives ou dans les médias. T out d'abord, j'ai recherché les codes vestimentaires codifiés dans le Règlement de chaque assemblée et dans d'autres documents, tels que les lignes directrices à l'intention des députés qui visent à leur indiquer comment s'habiller à la Chambre. J'ai également demandé aux bibliothécaires législatifs de toutes les assemblées législatives provinciales et territoriales de me fournir tout document relatif à la tenue vestimentaire. L'existence ou non d'un document codifié et, le cas échéant, la forme de ce document (règles ou lignes directrices) variait d'une assemblée législative à l'autre, de même que le caractère explicitement genré du code vestimentaire. Les codes vestimentaires indiquaient soit que les hommes devaient porter un veston et une cravate et que les femmes devaient porter une tenue équivalente, ou ils demandaient globalement à tous les députés de porter une tenue professionnelle. En ce qui concerne leur mise en application, les codes vestimentaires variaient peu.

Après avoir examiné les règles codifiées relatives à la tenue vestimentaire, j'ai recherché dans le hansard de chaque assemblée toute mention du terme << code vestimentaire >> (dress code) afin de déterminer comment les Présidents appliquent les codes vestimentaires et les font respecter. J'ai écarté toutes les mentions qui n'étaient pas liées aux assemblées législatives, comme celles qui relevaient de débats sur les...

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