Invisible Chains: Canada's Underground World of Human Trafficking.

AuthorLangevin, Louise
PositionBook review

Benjamin Perrin, Invisible Chains: Canada's Underground World of Human Trafficking, Toronto, Viking, 2010, pp 320.

En 1999, Condition feminine Canada faisait preuve d'avant-garde en commandant trois etudes sur la traite des etres humains au Canada (1). Le sujet etait alors nouveau. Il faisait meme sourire : il ne pouvait pas y avoir de traite d'etre humain au Canada, entendre l'eselavage, parce que l'eselavage avait ete eradique depuis longtemps. Pourtant la communaute internationale se mobilisait en reponse a la reerudeseenee de ce phenomene mondial. En 2002, le Canada signait le Protoeole additionnel a la Convention des Nations Unies contre la criminalite transnationale organisee visant a prevenir, reprimer et punir la traite des Personnes, en particulier des femmes et des enfants (2). Le legislateur canadien a ensuite modifie la Loi sur l'immigration et la protection des refugies (3) et le Code criminel (4) pour y inclure une infraction sur la traite d'etre humain. Les medias rapportent de temps a autre des cas de traite au Canada (5). Il est toutefois difficile de chiffrer cette realite souterraine. Le Departement d'Etat des Etats-Unis considere le Canada comine un pays de destination, de transit ou meme comme un pays d'origine dans le domaine de traite d'etre humain pour des fins de prostitution ou de travail force. Il juge aussi que le Canada ne fournit pas tous les efforts pour enrayer ce phenomene (6). Un ouvrage s'est penche sur le phenomene de la traite d'etre humain au Canada.

Benjamin Perrin, dans son livre Invisible Chains: Canada's Underground World of Human Trafficking, denonce l'inefficacite des mesures canadiennes, le peu de fonds investis par les autorites, le manque de coordination entre les paliers de gouvernement et les corps policiers, le peu de condamnation de criminels dans le domaine, les faibles sentences imposees par les tribunaux, le manque de formation des policiers et des magistrats ainsi que le peu d'aide accordee aux victimes de la traite. L'ouvrage prend le parti des victimes qui ne sont pas des criminelles et qui ne peuvent se sortir des pieges dans lesquels elles sont tombees. Son ouvrage lance un veritable cri d'alarme face a l'inaction du Canada qui ne respecte passes engagements internationaux en matiere de protection des victimes, de prevention de la traite d'etre humain et de punition des trafiquants. Soulignons que l'auteur est membre fondateur du Future Group, une ONG canadienne qui vise a combattre la traite d'etre humain et l'exploitation sexuelle des enfants (7). Il a lui-meme sejourne au Cambodge au debut des annees 2000 pour travailler sur le terrain avec des ONG qui venaient en aide aux victimes de traite pour des fins de prostitution. Sa croisade canadienne contre la traite a pris naissance lorsqu'il s'est apercu que le Canada etait aussi un lieu de traite.

L'auteur donne de nombreux exemples du Canada comme pays de destination, de transit, et pays source pour la traite d'etre humain, surtout a des fins de prostitution. Un chapitre est reserve aux jeunes filles amerindiennes, qui sont des proies faciles pour les reseaux de prostitution canadiens. Sans les demandes grandissantes des clients, il serait plus facile d'enrayer le phenomene. Il aborde aussi le tourisme sexuel des Canadiens vers l'Asie et le laxisme du Canada dans ce domaine. Seuls quatre Canadiens ont ete condamnes entre 1997 et 2010 pour tourisme sexuel avec des mineurs a l'etranger (8). Il decrit les methodes toujours renouvelees employees par les proxenetes pour pieger les jeunes filles. Internet a grandement facilite leur travail: a titre d'exemple, le site Craigslist propose, parmi d'autres services et biens offerts, les services sexuels de femmes (9). L'auteur se penche sur le travail force, une autre forme de traite d'etre humain pour laquelle il n'y a pas encore eu de condamnation penale au Canada.

Apres avoir presente les initiatives canadiennes interessantes et les bonnes pratiques en Belgique, aux Etats-Unis, en Italie et en Suede pour enrayer ce phenomene, l'auteur propose des mesures que le gouvernement federal devrait adopter, dont un plan d'action efficace et la mise sur pied d'un organisme charge d'analyser la situation au Canada et de faire rapport annuellement a la Chambre des communes. Il existe bien un Groupe de travail interministeriel sur la traite des personnes qui regroupe plusieurs ministeres et organismes. Cependant, de groupe semble inactif. L'auteur suggere aussi une meilleure coordination entre les corps policiers, des mesures provinciales et un reel travail entre les autorites gouvernementales et les ONG. Il considere aussi que les parents ont un role a jouer pour proteger les enfants des predateurs sexuels qui sevissent sur Internet. L'industrie du tourisme doit aussi s'autodiscipliner: elle doit surveiller les habitudes de ses clients. Finalement, chaque...

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