Le Canada et le Réseau mondial des directeurs parlementaires du budget.

AuthorChohan, Usman W.

Beaucoup de pays envisagent la formation d'un bureau du directeur parlementaire du budget (BDPB) pour accroître la transparence de leur processus budgétaire. Ils se heurtent toutefois à une vive résistance politique. En effet, la divergence d'opinions entre ces bureaux et les autres organes du gouvernement a parfois mis à risque l'existence même de l'institution, et la menace très crédible de représailles de la part d'autres institutions gouvernementales (compressions budgétaires, congédiement ou abolition de l'institution) plane perpétuellement sur les directeurs parlementaires du budget comme une épée de Damoclès. Pour favoriser la collaboration entre les bureaux, une conférence a eu lieu à Montréal en juin 2013. Exposés, ateliers, réflexions de groupe, études de cas et débats ont permis aux participants de s'unir en une communauté extrêmement active et motivée. Les participants ont convenu de former un réseau mondial des directeurs parlementaires du budget pour favoriser un échange dynamique d'information à l'aide de divers outils de pointe et de mécanismes de collaboration. Cet article examine le rôle clé joué par le Canada dans le colloque et la création de ce réseau.

Pour reprendre l'image évoquée par Sahir Khan, directeur parlementaire adjoint du budget du Canada--Analyse des dépenses et des revenus, un BDPB est une pilule amère que rejette vivement, au début, l'organisme législatif qu'il tente de guérir. Le BDPB verra des > politiques rejeter cet > à cause de ses effets astringents à court terme, même si, à long terme, l'organe législatif en bénéficiera. En outre, le BDPB parle une langue étrangère sur la scène politique : une langue économique et financière, alors que ses interlocuteurs sont habitués au langage politique et juridique. De plus, comme l'espace politique est, de nature, une équation à somme nulle, le moindre gain réalisé par le BDPB en tant qu'institution se fait aux dépens des autres acteurs politiques, ce qui signifie que chaque centimètre d'espace politique qu'il réussit à arracher empiète sur une entité politique auparavant bien installée. En effet, les avantages salubres à long terme du BDPB ne sont souvent pas pris en compte par ceux qui le considèrent comme un agent perturbateur dans le paradigme politique, et le Canada ne fait pas exception à la règle. * Il

Depuis sa création il y a cinq ans, le Bureau du directeur parlementaire du budget du Canada s'est battu avec acharnement pour se forger une réputation d'analyste rigoureux et maximiser le rendement de ses modestes ressources. Il a obtenu un succès remarquable sur les deux plans. Sous l'égide du directeur parlementaire du budget Kevin Page pendant la plus grande partie de cette période, le petit bureau de 14 personnes doté d'un budget dérisoire de 2,8 millions de dollars s'est bâti une réputation inattaquable de professionnalisme et a travaillé avec diligence pour accroître la transparence et améliorer la surveillance d'un organe législatif gérant des crédits de l'ordre de 250 milliards de dollars.

Ce succès a cependant un prix. Voici deux exemples notables de problèmes éprouvés par le Bureau depuis le début. Premièrement, l'analyse assidue par le Bureau de l'achat par le Canada de chasseurs F-35 l'a mené à prévoir des coûts de 30 milliards de dollars pour cette initiative, à savoir le double de ce que le gouvernement avait...

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