Candidats de minorites visibles a l'election federale de 2004.

AuthorBlack, Jerome H.
PositionReport

Le présent article compare le nombre de candidats de minorités visibles à l'élection fédérale de 2004 avec celui des trois élections précédentes. Il examine également certains des facteurs qui encouragent ou découragent la participation des membres des minorités visibles à la politique électorale. Enfin, il se penche sur la situation de chaque parti politique et avance qu'en dépit du nombre accru de membres de minorités visibles mis en candidature, la tendance ne s'est pas encore traduite par une augmentation notable des élus issus de ces groupes.

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Les études portant sur les profils de représentation des minorités ethnoraciales parmi les élus, et particulièrement les députés fédéraux, sont progressivement en hausse, mais le nombre de travaux entrepris sur les candidats membres de minorités visibles est comparativement plus modeste (1). Il s'agit là d'un état de choses malencontreux, parce que la poursuite d'une charge publique constitue, en soi, une dimension importante de l'engagement qui permettrait de présenter les membres des minorités comme des acteurs politiques d'élite. Plus clairement, le fait d'axer la recherche sur les candidats permet de déterminer si la rareté des représentants de minorités visibles à la Chambre des communes peut être liée, en partie du moins, à leur absence relative dans les rangs de ceux qui se présentent à une élection à titre de candidats parlementaires.

La sous-représentation des minorités visibles au Parlement est particulièrement bien documentée pour les élections qui ont eu lieu entre 1993 et 2000. La section a) du tableau 1 présente les chiffres pertinents pour ces élections récentes et propose une mise à jour pour l'élection de 20042. Dans l'ensemble, la tendance est à la croissance générale du nombre et du pourcentage des candidats de minorités visibles élus à la Chambre, quoique ces augmentations se soient avérées relativement modestes, voire instables, si on tient compte de l'élection de l'an 2000 oø le nombre des élus était inférieur à celui de 1997 (une réduction de 19 à 17 élus). L'élection de 2004 a rétabli la tendance à la hausse et un nombre record de 22 candidats de minorités visibles ont obtenu un siège au Parlement. En même temps, ces hommes et ces femmes ne représentaient que 7,1% du nombre total de députés, de sorte que l'élection continuait à refléter un important déficit de représentation, particulièrement évident si l'on tient compte du poids démographique croissant des minorités visibles dans la population canadienne en général.

A partir de la première ligne du tableau, qui fournit la proportion estimative--fondée sur le recensement--du groupe des minorités visibles au moment de chaque élection générale, nous pouvons calculer un coefficient de << proportionnalité >> en" prenant ce pourcentage comme dénominateur et en divisant le pourcentage de députés correspondant. Un coefficient de 1 indiquerait que la part des sièges de la Chambre des communes occupée par des minorités visibles est entièrement proportionnelle à leur présence dans la population. Cependant, comme on peut le constater, la fraction se situe sous la barre du 0,5, ce qui indique qu'on est à peine à la moitié du chemin qui mène à l'élimination de la sous-représentation des minorités visibles.

La stagnation des 11 dernières années est plus frappante encore; les deux coefficients correspondant à la période sont pratiquement les mêmes, 0,47 pour 1993, 0,48 pour 2004. En bref, même s'il est vrai qu'un plus grand nombre de députés issus des minorités visibles ont été élus en 2004, l'augmentation du nombre total n'a fait que suivre celle de la population au même rythme modeste.

La section b) du tableau 1 indique qu'il existe un lien plausible entre le nombre de candidats et de députés de minorités visibles. Le tableau illustre le pourcentage estimatif des candidats de minorités visibles qui se sont présentés à chacune des quatre élections pour les principaux partis. Les données révèlent une tendance générale et une tendance particulière. La tendance la plus large est que les minorités visibles sont également sous-représentées parmi le bassin de candidats. Des recherches antérieures, portant sur les trois élections de 1993 à 2000, ont démontré que les minorités visibles ne représentent que 4 à 5 % de toutes les personnes qui briguent un siège parlementaire. De plus, les ratios des candidats à la population--ou coefficients de proportionnalité--, qui sont fondés sur les mêmes repères du recensement et présentés à la ligue suivante, se situent généralement en dessous de 0,40 pour ces trois élections. Une tendance plus particulière se dessine toutefois dans les données : 108 candidats issus de minorités visibles se sont présentés à l'élection de 2004, soit 8,3 % de tous les candidats qui se présentaient pour les grands partis, y compris le Parti vert, ce qui constitue un taux de participation jamais vu auparavant. Si on élimine le Parti vert du calcul, décision qui a été prise dans les études antérieures, le pourcentage grimpe à 9,3 %. Même si on tient compte de cette hausse, la consultation électorale de 2004 s'inscrit toujours dans la tendance à la sous-représentation des minorités visibles parmi les candidats. Cela dit, l'augmentation du coefficient de proportionnalité, qui atteint 0,62, ne peut être passée sous silence. En bref, l'examen du nombre de candidats révèle des faits qui établissent un lien entre la présence limitée des minorités visibles à la Chambre des communes et le nombre relativement moindre de candidats de ce groupe à un siège parlementaire. Il indique, en outre, un léger sommet en 2004.

Cela porte à penser que, pour bien comprendre l'évolution de la situation des membres de minorités visibles comme candidats à des élections, il faut reconnaître la persistance des obstacles auxquels ils se heurtent ainsi que les facteurs qui peuvent atténuer ou neutraliser ces contraintes à long terme. Quant aux théories explicatives de la sous-représentation traditionnelle des membres de minorités visibles, l'une des plus populaires met l'accent sur le fait qu'ils sont de nouveaux venus au Canada et dans la politique canadienne (3) et que, contrairement aux colons européens établis de pins longue date au pays, ils ne sont pas encore sortis de la période d'ajustement et de transition qui s'impose avant toute action politique. Uhypothèse de base est qu'avec le temps, les membres des minorités visibles acquerront les ressources, l'intérêt et l'ambition qu'il faut avoir pour relever les défis de la politique et profiter des débouchés qu'elle ouvre.

La...

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