La formation de journalistes parlementaires dans les pays en developpement.

AuthorCobb, Chris

Les démocraties les plus stables et prospères ont toutes au moins un trait en commun : une presse libre et indépendante, ainsi que des journalistes qui peuvent compter sur des salaires décents, une stabilité d'emploi minimale et une place reconnue et respectée dans les affaires politiques de l'Etat. Ce n'est pas le cas dans la plupart des pays en développement. Le présent article relate l'éxpérience d'un journaliste canadien qui a pris part à des programmes de formation destinés à des journalistes dans divers pays en développement, plus particulièrement à ceux qui couvrent les institutions parlementaires.

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C'est à Abuja, capitale du Nigéria, il y a quelques années, que j ai montré pour la première fois à des journalistes des vidéos de la période des questions au Parlement du Canada et de l'expérience unique que constituent les mêlées de presse qui suivent ces joutes oratoires. Le libéral Art Eggleton était alors ministre de la Défense, et il subissait les assauts de l'opposition en raison d'une quelconque tempête aujourd'hui oubliée.

Après avoir été malmené aux Communes, M. Eggleton devait ensuite faire face à une horde de journalistes qui le soumettaient à un interrogatoire plutôt rude et pas toujours poli. Dans la modeste salle de réunion d'Abuja, je regardais les participants à mon atelier visionner ces événements qui défilaient au petit écran. J'arrêtais parfois le magnétoscope pour expliquer le processus, identifier les intervenants et répondre aux questions.

>, de demander un participant. >

>, lui ai-je répondu.

Ils se sont tous mis à rire. J'étais déconcerté.

> a-t-il ajouté en nuançant délibérément ses propos, >

Le Nigéria faisait alors ses tout premiers pas vers la démocratie sous le régime du président Olusegun Obasanjo, et les 'journalistes chargés de couvrir la scène politique nationale se montraient particulièrement prudents.

Et moi, je faisais mes tout premiers pas à titre de formateur de journalistes parlementaires dans des démocraties émergentes. J'étais censé enseigner, mais, la plupart du temps, j'apprenais autant que les participants. Les conditions dans lesquelles de nombreux journalistes dévoués doivent pratiquer leur profession dans les pays en développement peuvent, en effet, être terrifiantes.

J'ai donné mon troisième atelier pour les journalistes accrédités auprès de l'Assemblée nationale du Nigéria à la fin de l'automne, l'année dernière. Même si les participants se montraient nettement plus confiants, les obstacles auxquels ils se heurtent quotidiennement dans leur travail demeurent redoutables.

Les journalistes politiques les plus efficaces dans les démocraties en développement ou les fausses démocraties doivent souvent tout risquer pour une bien maigre récompense. Il leur faut faire beaucoup trop de sacrifices, et ce, beaucoup trop souvent. On n'a qu'à penser au Sri Lanka et au Pakistan, oø la chasse aux journalistes est ouverte depuis au moins quelques années.

Même dans les pays oø les politiciens semblent sincèrement vouloir donner une véritable chance à un semblant raisonnable de démocratie, les journalistes politiques occupent un boulot difficile oø se conjuguent insolence, rémunération faible et précaire, absence de sécurité d'emploi, piètres conditions de...

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