McGill Law Journal annual lecture 2011/Conference annuelle de la Revue de Droit de McGill 2011.

AuthorFuentes, Carlos

Editor's Note

Much as with the work of Sergei Eisenstein--the famous Soviet filmmaker alluded to below by Carlos Fuentes--this lecture provides us with a montage of Fuentes1 life experiences, with a particular focus on how they may find resonance in the area of transsystemic law, and the non-traditional legal pathways that these studies may lead to. At a young age Fuentes was exposed to both the formal study of law as well as the less formal realms provided by his own undertakings and explorations into literature. The interplay between these two apparent opposites produced a concrete understanding of society, the law, and the world it is applied to.

It is important for students and practitioners of law to understand the global importance and applicability of our field. To that end, it is edifying to hear from a multidisciplinary scholar who has transcended his legal education, while still carrying with him his early formation in law. This lecture can be read as a serious look at the life of a literary genius, or as a postmodern pastiche that seeks to lay a series of questions in front of the reader alongside the responsibility of piecing the answers to such questions together for oneself. In the recent tradition of bringing unorthodox speakers to the McGill Law Journals Annual Lecture with something unique to say about the state and culture of law, rather than purely the theory of it, we are pleased to present our transcription of this thoughtful address from Mr. Carlos Fuentes.

Mot de la Redactrice

a l'image de l'oeuvre de Sergei Eisenstein--le realisateur de films sovietique dont Carlos Fuentes fait mention ci-dessous--cette conference nous offre un montage des experiences de vie de Fuentes. Il s'agit d'un amalgame entre ses experiences, l'etude transsystemique du droit et les parcours non traditionnels auxquels des etudes en droit peuvent mener. Des un jeune age. Fuentes fut expose aux aspects formels et informels de 1 etude du droit grace a ses propres initiatives et explorations litteraires. L'interaction entre ces deux notions, lesquelles peuvent, a premiere vue, paraitre opposees, a resulte en une comprehension concrete de la societe, du droit et du monde que celui-ci regit.

Il est important pour les etudiants et pour les praticiens du droit de comprendre l'importance et la pertinence de notre domaine. Il est donc utile de tendre l'oreille aux propos d'un intellectuel multidisciplinaire qui est alle au-dela de sa formation juridique sans pour autant la delaisser. Cette conference peut etre interpretee soit comme un regard serieux que l'on pose sur la vie d'un genie litteraire, soit comme un pastiche postmoderne qui presente au lecteur une serie de questions auxquelles il doit repondre par lui-meme. La tradition veut que le Conferencier annuel de la Revue de droit de McGill ait un point de vue unique non seulement sur la theorie du droit, mais aussi sur l'etat et la culture de celui-ci. C'est donc avec plaisir que nous vous presentons la transcription de la conference de M. Carlos Fuentes.

Je remercie Sara Ross, tout d'abord. Senoras y senores, ladies and gentlemen, mesdames et messieurs, bonsoir. Je vais parler en francais, et aussi en anglais, eh ? Un peu en espagnol aussi.

J'ai dit a mon pere, >.

Il m'a dit, >.

>.

Il m'a dit, >.

C'etait Don Alfonso Reyes, qui etait un grand ecrivain, mais aussi avocat. Donc, je suis alle voir Don Alfonso Reyes, qui etait considere par Jorge Luis Borges, comme le plus grand prosateur de la langue espagnole, et je lui ai dit non, non, non, je veux etre ecrivain pas avocat.

Il m'a dit, >.

Il a cite Goethe, quand il [a] dit ca [...] et [...] j'etais oblige d'etudier le droit contre les desirs de mon coeur. Alors, j'etais inscrit a la Faculte de droit, au centre de la ville de Mexico, San Ildefonso (1). Je prenais mon temps, j'habitais pres de l'Ange de l'Independance. Et dans la route, je m'arretais a la librairie britannique--il y avait plus de libraries specialisees a Mexico a ce temps-la--a la librairie britannique, puis je m'arretais a la librairie francaise, puis a la librairie americaine, puis a la librairie espagnole, qui etait la seule ou on ne pouvait pas toucher les livres.

Il y avait des gens presque armes la, qui vous empechaient si vous achetiez le livre, ou bien, sinon, touchez pas. Et j'arrivais au centre de Mexico--le Zocalo, la Place de la Constitution. La meme, j'avais une sensation etrange. J'etais dans le centre de ce qui a ete la ville Aztec, la ville indienne avant la conquete espagnole. Le centre d'une ville fondee en 1325, la ville la plus ancienne--vivante--la plus ancienne du cote nord americain. La ou je voyais la cathedrale catholique, il y avait eu le grand Teocalli (2) de la religion Aztec ; la ou il y avait le palais du president, il y avait le palais de Montezuma, l'empereur avec ses nains, ses albinos ; et la ou il y avait la mairie de Mexico, il y a eu le Tzompantli (3) avec la tete de mort. Donc, j'avais cette sensation d'etre a la fois, dans le present et dans le passe de ma ville, de mon pays. Mais il y a un certain soulagement de se savoir heritier d'une culture qui avait une vie intense dans le present.

Donc, charge de mes lectures, mais aussi de la croyance que la litterature n'etait que divine inspiration, je n'avais pas besoin du droit, et il fallait s'eteindre, s'asseoir a la table, et attendre l'arrivee de l'ange de la litterature. Ma premiere lecon a ete le droit romain, le droit ecrit. J'avais passe mon enfance a Washington, donc on trouvait du monde du droit, du droit anglo-americain, du droit non ecrit, du common law. Mais au Mexique, j'etais bien au centre de la tradition romaine et du code Napoleon, du droit ecrit. J'etais donc livre a l'inspiration et [...] avec une certaine foi, une croyance a la vertu creative du desordre. Et soudainement, je me trouvais a l'interieur du droit romain, qui est l'ordre meme. Le texte que nous avions a la Faculte de droit a Mexico etait le traite d'Eugene Petit, Le traite [elementaire] de droit romain d'Eugene Petit (4).

Mais j'ai trouve vite les textes les plus interessants, qui etaient Les institutions de droit romain de Don Rudolph Sohm (5) et L'Esprit du droit romain, surtout, de Don Rudolf [von] Jhering (6). Jhering m'a donne l'idee de l'universalite du droit romain, et le droit comme unite de l'etat de Rome, le droit comme unite de l'Eglise a la chute de l'empire romain et le droit comme unite des etats nations de la Renaissance. Jhering m'a fait comprendre encore qu'un d'eux n'auraient existe sans le droit romain. Rome meme, n'aurait pas existe sans le droit. Rome comme fait central de la civilisation pagane qui a suivi, et le droit romain dans la naissance du monde chretien au Renaissance, le droit romain comme element de la civilisation moderne. C'etait ma premiere lecon dans la Faculte de droit et tres important pour moi, et par la [...] j'ai decouvert l'element d'ordre, et la raison necessaire a une ecriture que jusque la, jusque la, je croyais libre--toute en etant assujetti, bien-sur, a mon caprice.

Du droit romain j'ai passe au cours sur la philosophie de l'Etat. Le cours etait donne par un maitre que je n'oublierais--un maitre merveilleux--c'etait Manuel Pedroso (7). Manuel Pedroso etait un marquis de Seville qui s'est tourne vers la Republique espagnole, a ete ambassadeur de la Republique a Moscou et a Caracas, et a traduit Le capital de Marx, en plus. Alors, a ce moment-la, la Faculte de droit de l'Universite de Mexico, avait une tradition bibliophage. On nous donnait des listes enormes de livres qu'on ne lisait jamais. Cent livres pour un cours--on ne lisait pas. Pedroso etait plus intelligent, et nous donnait trois livres pour comprendre la philosophie de l'Etat.

Ces trois livres etaient--tout a fait--La Republique de Platon (8), pour comprendre l'etat organique, comme articulation de ses parties. Mais, nous avertit Pedroso : [...] si l'Etat signifie la loi et les caprices des souverains, c'est l'ennui [...] tandis que si l'Etat signifie que la loi s'impose au seigneur, c'est le bonheur. Pour notre maitre Pedroso--le pouvoir de l'esprit--le pouvoir de l'esprit designait l'esprit du pouvoir. Donc, c'est la justice qui devait dominer, aussi bien chaque classe et chaque individu.

Le deuxieme livre, que nous proposait le Professeur, c'etait Le Prince de Machiavel (9). Chez Machiavel, il nous enseignait [que] la necessite n'est pas une limitation des capacites humaines, mais la stimulation a l'action politique vertueuse. Le choix [...] limite la necessite totale comme regle du monde, meme si la vertu est constamment violee [...] par l'ambition et par les mots de l'esprit. La vertu enfin est une qualite de la femme de Machiavel. Et bon, permettez moi de lire ce que Machiavel dit sur luimeme dans mon plus recent roman, La voluntad y la fortuna. C'est Machiavel qui parle ici :

Machiavelli the misogynist! Didn't I marry Marietta Corsini to obtain, in a single hymen, both virginity and fortune? Ah, don't repeat the tired phrases that pursue me from century to century. Be bolder. Have the audacity, my young friends, to penetrate my true biography, not the one that historians [...] "serious" historians [...] my true biography, about the...

To continue reading

Request your trial

VLEX uses login cookies to provide you with a better browsing experience. If you click on 'Accept' or continue browsing this site we consider that you accept our cookie policy. ACCEPT