Former de meilleurs dirigeants politiques: arguments favorables a la creation d'une ecole de gouvernance.

AuthorThomas, Paul G.

La qualité de notre politique et le calibre de nos politiciens revêtent une importance pour le progrès socioéconomique de la société canadienne. Tel est l'argument sous-jacent qui milite en faveur de l'établissement, par le Canada, d'une école de gouvernance afin de favoriser l'émergence d'idées novatrices et d'une direction politique compétente et, ainsi, de relever les défis d'un monde de plus en plus complexe, pluraliste et interdépendant à l'évolution rapide. De nos jours, les Canadiens estiment ne pas avoir le gouvernement et la politique qu'ils méritent. Des dirigeants politiques plus compétents, crédibles, innovateurs, efficaces et intègres contribueront à la fois à régler les grandes questions stratégiques et à s'attaquer à la désillusion de la population.

**********

D'après des sondages d'opinion, les politiciens figurent au dernier rang en ce qui a trait à la fiabilité. Les mêmes sondages révèlent également que la population générale n'accorde qu'une faible confiance aux gouvernements pour régler efficacement les grandes questions stratégiques, telles que les changements climatiques, la réforme des soins de santé, la pauvreté, les enjeux autochtones et l'ordre public.

La méfiance à l'égard des politiciens va de pair avec le pessimisme face aux aptitudes des gouvernements. Les politiciens sont à la fois les créateurs et les créatures d'une population de plus en plus cynique. Au fil des ans, les partis politiques et leurs dirigeants ont fait des promesses électorales qu'ils n'ont jamais eu l'intention d'honorer ou qui étaient trop irrésistibles pour les électeurs, mais irréalisables. Avec leurs trop grandes promesses et leurs trop rares réalisations, les politiciens ont fait peu de cas de l'intelligence des électeurs et de leur aptitude à se renseigner sur les dossiers compliqués. Au lieu d'assumer un rôle d'éducateur et de communicateur, ils ont recours aux sondages, aux groupes de discussion, aux analyses psychodémographiques de l'électorat et aux stratégies de communication sophistiquées pour éveiller l'intérêt d'une population apathique et pour manipuler l'opinion publique en vue d'obtenir l'appui des électeurs.

On dit que les politiciens se font poètes en campagne électorale, mais qu'ils usent de prose lorsqu'ils gouvernent. Pendant une campagne, ils se servent d'histoires simples et remplies d'émotions pour établir un discours dominant et nouer un lien affectif avec les électeurs. Entre les élections, les travaux des assemblées législatives, surtout ceux qui sont médiatisés, ressemblent à une campagne électorale permanente oø les partis politiques s'affrontent dans une chaude lutte oø sont permises les attaques très pompeuses, personnelles, accusatoires et virulentes. Les gouvernements tentent de tourner les histoires à leur avantage et de contrôler les manchettes, alors que les partis d'opposition interprètent chaque révélation d'un problème sous un jour accusateur oø règne le doute. Rares sont les discussions éclairées et équilibrées sur les réels enjeux du gouvernement de sociétés complexes, et les partis politiques et la population (si elle est à l'écoute) n'en apprennent pas davantage sur les dossiers. Les slogans, les extraits sonores et l'indignation feinte font certainement abstraction des ambiguïtés, des...

To continue reading

Request your trial

VLEX uses login cookies to provide you with a better browsing experience. If you click on 'Accept' or continue browsing this site we consider that you accept our cookie policy. ACCEPT