Comment organiser, efficacement son bureau de circonscription.

AuthorMacLeod, Peter

Si le travail sur la colline du Parlement est auréolé d'un certain prestige, les activités du bureau de circonscription se déroulent loin des feux de l'actualité et des jeux de coulisse de la haute politique. Or, cette institution unique et souvent négligée non seulement contribue à donner un visage humain au gouvernement, mais elle peut aussi rapprocher la population canadienne et sec élus. Le présent article est le fruit de plus de deux ans de recherche, au cours desquels une centaine de bureaux de circonscription de tout le Canada ont fait l'objet d'une visite.

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La vie politique contemporaine a ceci de curieux que l'on prête aux députés le don d'ubiquité. Avant l'avènement du transport aérien à prix modique, un député pouvait s'attendre à siéger à Ottawa, le temps d'une courte session d'hiver, pour ensuite aller passer le printemps, l'été et le début de l'automne dans sa circonscription. La vie parlementaire suivait le rythme des travaux agricoles. De nos jours cependant, à l'instar des campagnes électorales, elle reflète, d'une part, la capacité des avions de ligne d'enjamber les fuseaux horaires et, d'autre part, les attentes des administrés, pour qui la présence de leur député aux manifestations locales montre qu'il est encore un des leurs. Vu sous cet angle, un bureau de circonscription non seulement sert de base locale, mais il permet aussi au député de conserver une présence dans le comté et de se tenir au courant de ce qui se passe dans sa collectivité.

Or, bien peu de nouveaux députés se rendent compte que leur victoire va les mettre à la tête d'une sorte de petite entreprise qu'ils devront d'abord établir, puis gérer. S'ils ont des heures de bureau normales en théorie, les employés d'un député peuvent néanmoins devoir répondre à des demandes urgentes à toute heure du jour ou de la nuit. Les revenus annuels en provenance d'Ottawa dépassent facilement le quart de million de dollars, ce qui exige une tenue de livre scrupuleuse, compliquée par des règles minutieuses sur la manière dont cet argent peut être dépensé. Chaque bureau compte deux, trois et parfois quatre employés, sert 100 000 citoyens-clients et ouvre, en général, plus d'un millier de dossiers par année (1). En outre, pour répondre à la demande et demeurer personnellement au courant, de plus en plus de députés de circonscriptions éloignées ou mi-rurales, mi-urbaines, établissent des bureaux satellites pour servir de nouvelles petites villes et collectivités à représenter par suite des remaniements des limites des circonscriptions électorales.

Pourtant, malgré la complexité et l'importance croissantes du travail de ces bureaux, on s'intéresse bien peu à eux. Le bureau de circonscription est un élément relativement récent de l'infrastructure parlementaire : en 1972, grâce à une augmentation de fonds accordée sans débat, tous les députés ont pu ouvrir un bureau dans leur circonscription. Fait étonnant, l'on connaît encore bien mal l'impact et la pertinence de ce que l'on pourrait qualifier, à juste titre, de > du Parlement.

La plupart des bureaux de circonscription sont des lieux modestes, quand ils ne sont pas carrément miteux, et essentiellement utilitaires. Ils sont souvent installés dans d'anciennes cliniques ou d'anciennes études d'avocats. Ni modèle, ni schéma gouvernemental pour eux : il y en a de toutes les formes et de toutes les billes, logés dans des immeubles à bureaux quelconques, coincés entre une pizzeria et un magasin à un dollar dans un mail linéaire, campés au rez-de-chaussée d'une maison ou établis dans un commerce vacant de la rue principale.

Ils sont en rapport avec le Parlement, mais sont en même temps à l'écart de l'apparat et de l'ostentation qui y règnent. Ils sont la première ligne, le point de contact, oø l'on tente de remédier aux ratés de...

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