Perceptions et rendement : Les députés sont-ils à la hauteur?

AuthorGidengil, Elisabeth

Le Canada tire de l'arrière par rapport à d'autres démocraties établies pour ce qui est de la satisfaction à l'égard du fonctionnement de la démocratie. En fait, seule une faible majorité de Canadiens (55 %) sont satisfaits du rendement démocratique du pays, ce qui place le Canada au 11e rang parmi les 20 pays où la même question a été posée (1). Qui plus est, l'insatisfaction à l'égard du fonctionnement de la démocratie au Canada s'est accentuée ces dernières années. Les Canadiens semblent être particulièrement mécontents du rendement de leurs députés (2). Mais leur insatisfaction est-elle justifiée?

En nous inspirant de plusieurs chapitres de l'ouvrage Canadian Democracy from the Ground Up: Perceptions and Performance, nous passons en revue les notes accordées par les citoyens à leurs représentants élus et examinons plusieurs aspects clés du rendement des députés à la lumière de cette pondération. Après avoir évoqué quelques-unes des raisons pouvant expliquer l'écart entre la façon dont les citoyens perçoivent leurs députés et la façon dont les députés s'acquittent de leur rôle de représentant, nous proposons certaines voies à explorer pour améliorer l'image publique des députés

Perceptions du public

La figure 1 présente l'évaluation que font les Canadiens de divers aspects du travail de député (3). Les résultats montrent que les députés obtiennent des notes particulièrement faibles (4,2) lorsque vient le temps d'évaluer leur capacité à faire passer les intérêts des électeurs avant les leurs. Leurs résultats sont légèrement meilleurs lorsqu'on évalue leur capacité de traiter les problèmes de leurs électeurs (4,4), de faire valoir le point de vue de leurs électeurs (4,5) et de garder le contact avec les électeurs et les groupes locaux (4,8). Ces jugements sont sévères. Bien des Canadiens semblent voir les députés comme des personnes intéressées et incapables de s'acquitter de leur rôle de représentant de leur circonscription. Il est également inquiétant de constater que les députés n'obtiennent pas la note de passage pour ce qui est de leur capacité d'exiger des comptes du gouvernement (4,4). Les évaluations sont un peu plus positives lorsque vient le temps d'évaluer leur capacité de participer au débat et de voter sur des questions à la Chambre des communes (5,3) et de défendre les positions de leurs partis (6,1), mais comme le souligne Ruderman, ces tâches sont relativement éloignées de la réalité quotidienne des électeurs (4).

L'autre perception répandue veut que les élus au Parlement se montrent incapables d'honorer la plupart de leurs promesses. C'est ce qui ressort clairement lorsqu'on demande aux répondants d'évaluer le rendement du Canada à l'égard de différents aspects. La capacité de tenir ses promesses obtient l'un des moins bons scores (5.0) sur une échelle de zéro à 10; seules les questions relatives à l'honnêteté des représentants du gouvernement (4.8) et à la corruption en politique (4.5) obtiennent des pointages plus faibles encore (5). Le Parlement lui-même obtient tout juste la note de passage (5.6) pour ce qui est de son degré de représentativité de la société canadienne. Par ailleurs, une majorité de répondants (56 pour cent) sont insatisfaits de la façon dont les députés canadiens font leur travail.

Comparer les perceptions et le rendement

Dans quelle mesure ces perceptions négatives sont-elles justifiées? Les piètres résultats obtenus en ce qui a trait à la représentativité du Parlement sont justifiés--du point de vue de la représentation descriptive. La représentation descriptive est atteinte lorsque les représentants élus ressemblent à ceux qu'ils représentent (6). La Parlement canadien est loin d'être à l'image de l'électorat. La proportion de femmes, d'Autochtones, d'immigrants, de membres des minorités visibles et de jeunes au Parlement a toujours été très inférieure à ce qu'elle est dans la population en général. Il reste cependant que la 41e législature reflète plus fidèlement la diversité de la société canadienne. De plus, la sous-représentation numérique des femmes, des Autochtones, des membres des minorités visibles et des immigrants est compensée dans une certaine mesure par les nominations que fait le premier ministre. Ces groupes demeurent néanmoins sous-représentés dans la plupart des postes parlementaires.

Une représentation descriptive fidèle ne garantit pas bien sûr que le Parlement sera à l'écoute. À l'inverse, le Parlement peut être à l'écoute même s'il n'est pas à l'image de l'électorat. En ce qui concerne la représentation effective, les représentants élus sont à l'écoute dans la mesure où ils agissent dans l'intérêt de ceux qui les ont élus (7). La représentation effective est beaucoup plus difficile à quantifier que la représentation descriptive, mais il est possible de s'en faire une meilleure idée en comparant les priorités stratégiques des Canadiens, telles qu'exprimées dans les sondages d'opinion, et celles du Parlement, telles qu'exprimées lors des débats.

À cette fin, Blidook met en parallèle les données d'enquête et l'analyse des questions abordées lors de la période des questions, dans les déclarations des députés conformément à l'article 31 du Règlement et dans les débats législatifs, afin d'évaluer la mesure à laquelle les déclarations des députés ont écho aux priorités du public et suivent l'évolution de ces priorités (8). Les résultats donnent à penser que la perception du public selon laquelle les députés sont inaccessibles et peu à l'écoute des préoccupations du public sont trop sévères (9). Il y a certes quelques différences notables entre les priorités du public et celles du...

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