Questions au premier ministre au Royaume-Uni.

AuthorBercow, John

À Westminster, tous les mercredis de séance de la Chambre, le premier ministre répond à des questions durant une trentaine de minutes. Au cours des dernières années, on a discuté au Canada des avantages et des inconvénients qu 'il y aurait à instaurer une pratique similaire. Le présent article retrace l'histoire de cette procédure britannique et de certains des problèmes qu 'elle a entrainés avec les années.

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Pour la plupart des gens, les Questions au premier ministre sont la vitrine de la Chambre des communes. Les médias couvrent davantage ces 30 minutes que toutes les autres délibérations du Parlement durant le reste de la semaine. Si le pays tire des conclusions négatives sur la Chambre à cause de ce qu'il voit lors de ces échanges, alors le noble travail d'une douzaine de comités semble bien insignifiant. Si nous souhaitons sérieusement améliorer la perception de la Chambre chez ceux que nous servons, nous ne pouvons faire fi de la piètre impression que les Questions au premier ministre ont laissée, et laissent encore, à l'électorat. C'est le gros problème dont personne n'ose parler.

Franchement, je m'attends à ce que certains de mes collègues soient en désaccord avec moi. Ils estiment que les Questions au premier ministre constituent un splendide spectacle, que ceux qui les regardent à la télé en raffolent sans le dire et qu'elles sont même thérapeutiques pour les parlementaires qui s'y époumonent une fois par semaine. Je dois avouer que je ne trouve pas cet argument très convaincant. Si l'on se ronde sur ce raisonnement, les combats d'ours et de chiens et 1es combats de coqs seraient encore légaux. À mon avis, ce qui est venu sonner le glas des Questions au premier ministre dans leur forme actuelle, ce sont les débats entre les chefs de parti au cours de la campagne électorale. Comme vous vous en souviendrez, il y était interdit pour l'auditoire d'applaudir ou de scander des slogans. Quelqu'un peut-il affirmer que les joutes oratoires entre MM. Brown, Cameron et Clegg en ont souffert? Un téléspectateur s'est-il senti lésé par l'absence de tapage?

Le pire, c'est que, comme j'espère l'illustrer dans les prochaines minutes, les Questions au premier ministre n'auraient jamais dû avoir le caractère qu'elles ont maintenant. Lorsque cette pratique a vu le jour en 1961, elle comptait trois caractèristiques distinctes :

* Les questions étaient liées directement aux domaines dans lesquels le premier ministre avait une responsabilité personnelle et elles ne visaient pas à traiter te dernier comme un président ayant la mainmise sur le gouvernement britannique.

* Les questions et les réponses étaient courtes et bien envoyées et elles émanaient des députés d'arrière-ban.

* L'exercice se déroulait dans une atmosphère de relative cordialité.

Passons à une petite leçon d'histoire. Avant les années 1880, les Questions au premier ministre sont traitées exactement comme les questions aux autres ministres. Elles sont posées, sans préavis, les journées oø les ministres sont disponibles (invariablement les lundis, mardis, jeudis et vendredis), dans l'ordre dans lequel les députés se lèvent pour les poser. Les affaires publiques ne peuvent pas commencer avant la fin des questions. Le premier changement est apporté en 1881 lorsque, par mesure de courtoisie pour William Gladstone, alors âgé de 72 ans, les Questions au premier ministre sont posées à la fin de la liste afin de permettre à te dernier de se rendre à la chambre plus tard.

L'introduction d'une durée fixe et du créneau tardif signifient que, bien qu'en théorie, les Questions au premier ministre soient posées quatre fois par semaine, en pratique on n'y arrive presque jamais et on n'y répond très rarement au complet. En 1953, par égard pour Winston Churchill, alors âgé de 79 ans et souffrant, il est convenu que les questions seront soumises les mardis et les jeudis. L'insatisfaction grandissante envers le niveau de rigueur que cela nécessite mène à un rapport historique du Comité de la procédure, en 1959, qui recommande que les questions soient posées en deux créneaux de 15 minutes les mardis et...

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