Retouches obligées dans la forme : produire les journaux des débats au Canada.

PositionTable ronde

Deborah Caruso, Lenni Frohman, Robert Kinsman and Robert Sutherland

RPC : D'aucuns penseront que les journaux des débats sont un compte rendu mot pour mot des débats parlementaires; or, c'est bien plus que cela. Quelle est la plus grande idée fausse que vous ayez entendue de parlementaires ou d'autres observateurs?

LF : Je crois que la plus grande idée fausse est qu'aucun travail de révision n'est nécessaire pour faire la transition entre le pittoresque des débats et le caractère formel du texte.

RK : Les gens croient que le texte apparaît comme par magie à la fin de la journée. Des parlementaires m'ont déjà téléphoné pour avoir une copie de leur discours d'une heure, et ce, cinq minutes après l'avoir livré! (Rires) Ils ne se rendent pas compte que nous devons vérifier les noms de tous les électeurs et de toutes les sociétés mentionnés, en plus d'essayer de comprendre ce qu'ils ont dit dans leurs langues respectives ... qui sont pourtant toutes de l'anglais!

RS : Je crois que la majorité des gens sont surpris par l'ampleur du travail requis pour livrer ce produit à la fin de la journée. Nous avons une équipe de 30 personnes qui transcrivent les débats. Les parlementaires qui nous rendent visite sont estomaqués par la quantité de personnes qui s'affairent à la tâche. En fait, les quelques employés en Chambre et dans l'édifice qu'ils croisent ne sont que la pointe de l'iceberg. Comme Bob l'a mentionné, une vaste équipe à laquelle se greffe, dans notre cas, un effectif à temps partiel, est requise pour livrer la transcription avant la fin de la journée; dans notre cas, une ébauche est produite dans un délai d'environ une heure.

DC : Que ce soit en Chambre ou en comité, un sténographe parlementaire prend des notes très brèves à chaque séance avec son ordinateur portatif pour aider à la transcription. Je pense que la majorité des députés provinciaux pensent que cette personne tape les propos au fur et à mesure et que cela devient la transcription. J'ai déjà vu des présidents de comité demander au sténographe de répéter les propos qui venaient tout juste d'être dits! (Rires) Ils ont regardé trop d'intrigues judiciaires au cinéma. L'effort requis est titanesque. Normalement, notre assemblée siège de 9 heures à 18 heures. Toutes ces heures de délibérations sont publiées sur notre site Web le soir même. De plus, des comités se réunissent en même temps, alors c'est un énorme effort d'équipe.

RPC : Les différences sont-elles nombreuses entre les journaux des débats d'une province ou d'un territoire à l'autre?

DC : En bref, oui. Il y a dix journaux des débats provinciaux, trois territoriaux, en plus de ceux de la Chambre des communes et du Sénat, à Ottawa. Selon le nombre de jours de séance annuels, si des journaux des délibérations en comité et des débats en Chambre sont produits, il y aura un effectif à temps plein ou hybride, c'est-à-dire composé d'employés à temps plein aidés de nombreux employés de session. Dans les territoires, les journaux des débats sont tous produits à la pige dans le secteur privé. Dans certaines assemblées législatives, on peut parler plus d'une langue. À ma connaissance, le Nouveau-Brunswick, la Chambre des communes et le Sénat sont les seuls endroits où les journaux sont traduits dans l'autre langue. Dans les autres assemblées, les propos sont rapportés dans la langue dans laquelle ils ont été prononcés.

RK : Je crois que la grande différence réside dans les chiffres. Robert parlait tout à l'heure d'un effectif de 30 personnes pendant la session; j'en pâlis... d'envie! (Rires) Nous comptons sur un effectif de sept employés à temps plein. Dernièrement, nous errons d'immeuble en immeuble parce que notre édifice a été condamné à cause d'un manque d'espace dans nos locaux temporaires, nous sommes seulement 14 employés qui devons livrer la transcription avant la fin de la journée. Nous nous occupons également des comités, mais la transcription est faite en deux à trois jours plutôt que la même journée. Je crois que notre production est sensiblement la même; ce sont seulement les chiffres et les heures qui changent.

RS : C'est cela. Les rouages et les façons de faire dans l'assemblage du document sont passablement les mêmes. Jusqu'à un certain point, nous faisons tous de la transcription et de la révision, et nous sommes tous confrontés à des problèmes de langue ou à des propos inaudibles ou incompréhensibles. Toutefois, la charge de travail varie d'une autorité législative à l'autre. Pendant plus des deux tiers de l'année, nous servons deux Chambres à la fois; c'est pourquoi nous avons besoin de 30 personnes.

LF : En Saskatchewan, nous comptons sur quelque 36 rédacteurs à temps partiel et 3 employés à temps plein--le rédacteur en chef, le chef de production et l'indexeur. C'est un effectif imposant chargé de gérer des comités qui siègent simultanément. Selon moi, les conditions du marché local influencent grandement la dotation en personnel des journaux. Par exemple, si vous devez produire des délibérations en français, disons, à Yellowknife, la disponibilité d'employés compétents sera un facteur déterminant dans la dotation du poste.

RK : Un autre défi en dotation est lorsqu'on aborde la question des heures de travail en entrevue. Certains candidats s'enfuient à toutes jambes! (Rires) Un jour, nous siégeons de 14 h à 22 h, puis ce sera de minuit et une à onze heures cinquante-neuf; mais nous ne le saurons pas avant 22 h. Les gens ne sont plus prêts à ce genre sacrifice contrairement à nous, les vieillards.

LF : C'est tout à fait vrai, Bob. Je trouve que de nombreux jeunes tout à fait brillants refusent de laisser un horaire de travail dicter leur vie. Il y a incontestablement un changement de mentalité à cet égard.

RS : J'ajouterais que certaines autorités législatives ont des calendriers de session plus longs, avec des sessions au printemps et à l'automne, alors que d'autres siègent intensivement pendant une seule période dans l'année. Ici, nous avons une session au printemps et parfois une à l'automne, mais on ne sait jamais vraiment. Alors lorsque vient le temps de pourvoir un poste, il est difficile de prédire si ce sera à temps partiel ou à temps plein. Selon moi, c'est tout un défi que de gérer un environnement dans lequel la Chambre siège pendant douze semaines au printemps, puis n'a plus aucune activité jusqu'à l'année suivante.

DC : C'est pourquoi des fournisseurs privés ont pris en charge les journaux dans le Nord, je pense. Leurs sessions sont très brèves, donc les langagiers affectés à la production des journaux font autre chose le reste de l'année.

RPC : La manière dont vous produisez les journaux des débats (dans votre province et en général) atelle changé au cours des années? La technologie comme les logiciels de reconnaissance de la voix a-t-elle contribué à rendre votre travail plus facile et plus efficace?

DC : On me pose souvent la question. Nous analysons cette question en profondeur tous les deux ans environ. Les seules fois où nous avons eu recours au logiciel de...

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