Rwanda: Chronique d'un genocide previsible.

• Position: Hate, Genocide and Human Rights Fifty Years Later: What Have We Learned? What Must We Do ? - Transcript

L'auteur, s'interrogeant sur les causes du genocide rwandais, met l'accent sur la conjonction d'actions nationales et d'omissions internationales qui ont permis au drame de se produire. D'une part, a la fois l'histoire du Rwanda depuis la fin des annees 1950, le conditionnement de la population par l'entremise des medias de communication de masse, l'abus de l'obeissance commandee par les autorites locales traditionnelles, la pauvrete et la surcharge demographique ont contribue au denouement final. D'autre part, l'inaction, pour des raisons diverses relevant autant de leur politique interieure que de la simple indifference, des Etats qui auraient ete en mesure de prevenir ce denouement, merite d'etre denoncee.

Le genocide rwandais, avec les nouveaux massacres auxquels il a indirectement donne lieu depuis, permet de conclure que seule l'intervention de la justice internationale peut mettre fin a l'escalade de la violence une fois qu'elle a commence a se manifester. Tant que les planificateurs de genocides pourront compter sur la lachete et l'indifference de la communaute internationale, dues en partie a la vision tronquee des evenements presentee par les medias, le monde ne sera pas a l'abri de nouveaux massacres.

In questioning the causes of the Rwandan genocide, the author stresses that a combination of national actions and international omissions allowed the tragedy to occur. Factors that have contributed to the final outcome are, on the one hand, Rwanda's history since the end of the 1950s, the indoctrination of the population via the mass media, the abuse of obedience commanded by local traditional authorities, poverty, and overpopulation. On the other hand, the inaction of a number of states due to various reasons, mainly internal political reasons as well as simple indifference, deserves reproach, as they could have prevented this outcome to some extent.

The Rwandan genocide, and the new massacres that it indirectly triggered, suggest that only the intervention of international justice can end the escalation of violence once it has manifested itself. As long as perpetrators of genocide can count on the cowardice and indifference of the international community, due in part to the skewed version of events presented by the media, the world will not be safe from new massacres.

Mesdames, Messieurs,

C'est aujourd'hui un grand honneur pour moi que d'etre sur ce podium afin de temoigner pour que jamais un silence coupable, criminel, ne recouvre cette triste page de l'humanite que represente un genocide, quelles que soient les latitudes ou il ait ete commis. Qu'importe ses victimes ou ses coupables, un genocide est toujours un recul de la conscience humaine, une gifle a la dignite de notre genre et un elargissement de la fissure faite dans le tissu de la protection de notre espece. Il est grand temps que l'on cesse de scruter les nuages a guetter de probables hirsutes extraterrestres, car le pire ennemi de la race des humains est deja parmi nous et s'appelle, tout simplement, l'homme. Le genocide, malgre tous les commentaires qu'il suscite, est avant tout un revelateur, l'expression extreme d'un mal-etre social et global. Quand un groupe d'humains decide que son salut passe par la simple disparition d'un autre groupe d'humains, comme s'il constituait un peuple de trop, rien ne sert plus alors de se voiler la face avec complaisance. Les sonnettes d'alarme doivent alors etre toutes declenchees pour de ce fait preserver l'humanite. Je viens donc vous parler du genocide du Rwanda, non pas pour reveiller les morts--j'ai trop de respect envers leur repos--, mais pour eveiller les vivants--ces morts en sursis.

J'ai ete invite a traiter du sujet : >. Vaste et ambitieux projet qui ne doit pas faire illusion. En fait, malgre tous les propos que je vais tenir, il y a cette barfiere de comprehension que mon esprit ne parvient pas a franchir pour expliquer ce qui a du vraiment se passer. Malgre toute ma bonne volonte de scientifique, de journaliste et d'humaniste, il m'est encore impossible d'apprehender ce qui peut pousser un etre humain a faire preuve de cette barbarie dont nous fumes tous temoins au Rwanda, certains directement, d'autres par l'intermediaire des medias. Quand on aborde le genocide du Rwanda par son autre bout, c'est a dire son terrifiant resultat, on nourrit secretement le douloureux espoir que ce soit la l'oeuvre de quelques betes innommables ou de bizarres envahisseurs intergalactiques. Mais bien vite, la triste realite nous presente des salauds au visage d'humains. On frissonne a penser qu'ils se soient prevalus, un jour comme aujourd'hui, de cette denomination d'homme.

Parmi les innombrables interrogations qu'a suscitees le drame rwandais, je vais tenter de repondre a deux d'entre elles : d'abord, comment cette calamite a-t-elle pu se produire dans ce vingtieme siecle...