Table ronde sur la reforme de l'education.

A la conference regionale de 1996 de l'Association parlementaire du Commonwealth, tenue a Winnipeg, il a ete question, entre autres, de la reforme de l'education. Le principal conferencier invite a ete M. David Newman, depute a l'Assemblee legislative du Manitoba. Des delegues provenant de nombreux autres organismes participaient egalement aux discussions. Le texte qui suit s'inspire du journal des debats du Manitoba. On peut se procurer la transcription integrale aupres du greffier de l'Assemblee legislative du Manitoba.

David Newman (Manitoba): Le debat sur la reforme de l'education met trop souvent l'accent sur les couts. Permettez-moi de deplacer un peu l'eclairage aujourd'hui. Songeons, par exemple, que les frontieres organisationnelles sont moins rigides. En effect, il est difficile de nos jours de distinguer le ministere de l'Education d'autres ministeres comme celui des Services a la famille, de la Sante, de la Culture, du Patrimoine et de la Citoyennete, et meme de ministeres comme celui des Affaires urbaines, du Logement ou de la Justice. Cela s'explique par l'avenement de certains regroupements. Au Manitoba, nous avons le Secretariat de l'enfance et de la jeunesse, qui reunit des activites de cinq des six ministeres que je viens de mentionner et qui semble etre un moyen d'assouplir ces frontieres.

Nous savons que les problemes auxquels est confronte le systeme scolaire ne concement pas seulement l'apprentissage; ils touchent aussi l'enseignement. Alors, depasser les frontieres est important pour comprendre la reforme qui s'effectue a l'heure actuelle et sa raison d'etre.

Un autre aspect touche le sens moral et civique. En 1909, a Montreal, R. S. Jenkins a redige un manuel intitule Canadian Civics, dont les principes d'education sont encore d'actualite aujourd'hui. Il ecrit en substance ceci:

L'un des devoirs les plus importants de l'Etat est de faire instruire ses enfants, car ils seront un jour ses maitres. Avec ses bons et ses mauvais cotes, la democratie doit demeurer le fondement des gouvernements modernes. Ici et la, un philosophe pourra bien ignorer la voix de la masse, mais la stabilite et l'ordre sociaux dependront dorenvant de la tolerance ou de la bonne volonte de cette masse.

L'epoque ou une minorite de gens instruits pouvait sauvegarder les fleurons de la vie civilisee et les arts en usant de force physique ou morale tire rapidement a sa fin. Il va donc sans dire que l'Etat doit enseigner a ses citoyens en herbe la valeur de la civilisation, et leur donner les moyens de la preserver et de la faire progresser. Nous ne devons plus, comme nos predecesseurs, nous contenter de marcher calmement a la surface, alors qu'en dessous couve le feu du volcan populaire. Les fruits de siecles de travail ardu sont trop precieux pour etre mis en peril. Il nous faut trouver un moyen d'enseigner la responsabilite sociale et civique dans les ecoles. Le gouvernement n'est-il pas la trame du splendide tissu de la civilisation? Les eleves doivent donc recevoir un enseignement tres precis a cet egard.

Le manuel de M. Jenkins renferme egalement un passage sur les devoirs du citoyen. Ils sont au nombre de quatre, et n'ont pas perdu leur caractere d'actualite. Premierement, le citoyen doit essayer de comprendre le mieux possible le systeme de gouvernement de son pays et de se tenir au courant de toutes les initiatives importantes des dirigeants. Deuxiemement, il doit appliquer ces connaissances en participant activement a la vie politique. Troisiemement, il doit etre pret a s'engager dans toutes les bonnes causes dans la mesure de ses possibilities. Quatriemement, il doit travailler a rendre son milieu moins cruel. Si chacun remplissait ces devoirs, le monde serait sans nul doute un endroit ou il fait bon vivre.

L'education aujourd'hui

Le 9 mai 1996, M. William Thorsell, redacteur en chef du Globe and Mail, nous a tous interpelles en parlant en ces termes de notre systeme d'education a l'assemblee annuelle des conseils des ministres de l'Education, tenue a Edmonton, en Alberta:

J'ai longtemps pense avec une certaine arrogance que les capacites de lecture, d'ecriture et de calcul des gens, ainsi que leur connaissance de l'histoire, de la geographic et de la litterature se sont degradees depuis que j'ai termine mes etudes secondaires, en 1963. En consultant des documents recents, je constate avec surprise que je n'etais pas tres loin de la verite. Selon mes calculs, 44 % des jeunes ages de 16 a 24 ans ayant dix ans de scolarite sont a peu pres incapables de calculer et pres de 30 % sont des analphabetes fonctionnels. Par analphabete fonctionnel, j'entends une personne qui ne comprend pas un article de journal relativement simple.

Selon l'etude Les chemins de la competence, effectuee en 1992 par le Conseil economique du Canada, 30 % des jeunes Canadiens ne terminent pas leurs etudes secondaires. Et ceux qui les menent a terme se debrouillent mal en mathematiques et en sciences, en comparaison des eleves de la plupart des autres pays developpes. Quant aux competences de base, elles se sont degradees depuis 25 ans, en particulier la capacite de comprehension en lecture et la maitrise de la langue.

Il y a effritement ou stagnation des normes dans l'education, et ce, malgre des depenses plus importantes par eleve, de meilleurs ratios maitre/eleves et des sommes plus elevees consacrees aux services de soutien et a l'administration.

S'inspirant d'un ouvrage intitule Education Wars, M. Thorsell signale que l'administration est recalcitrante au changement. Il affirme que le developpement de la technologie...

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