Fabrication de classe mondiale, productivité et qualité totale

AuthorClaude R. Duguay
DOIhttp://doi.org/10.1111/j.1936-4490.1995.tb00653.x
Published date01 June 1995
Date01 June 1995
Fabrication
de
classe mondiale,
et qualite
Claude
R.
Duguay
hole
des
Hautes
Etudes
Commerciales
product
ivite
RiSWTIt!
Parmi
h
multiples eflorts mis en oeuvre par
h
entre-
pkes
pour
dronter
his
concurrents
dans
le contexte
de
mondialisation
des
andes
80,
trois
ont connu une
vogue
particulihe
ci
une ipoque donnke
:
la
fabrication
de
classe mondiale (World
Class
Manufacturing-
WCM),
la gestion
de
la
qualiti totale (Total Quality Ma-
nagement- TQM), et lhmilioration
de
la
productivitk.
Loin
de
s
’exclure mutuellement,
ces
actions se rejoignent,
se chevauchent, se combinent et vent se renforcer.
Dans
ce texte, now now proposons
de
faire ressortir
le
lien entre
la
recherche d’un statut
de
fabrication de
chse mondiale,
la
gestion
de
la
qualitk totale et l’amk-
lioration
de
la
productivitk
dans
une perspective
de
ges-
tion. Ceci constitue un msai pour situer
la
qualitd totale
comme
approche
de
gestion caractiristique dim nouveau
paradigme de gestion surclassant
la
production de mawe
dam
teS
secteurs industriels dynamiques qui sont devenus
des
enjm mondiaux.
Ab-t
Among the actions undertaken byfimzr in an eflort
to
achieve and maintain comptitivems, three have been
particularly emphasized at one time
or
another. These
are world class-manujacturing, totaI quality manage-
ment, andproductivity improvement. Far from being mu-
tuali’y exclusive, these approaches are interrelated, over-
lap, and complement each other. In this paper, we
propose
to
outline the interrelationships between these
three approaches.
By
so
doing, we
try
to
demonstrate
how
TQM
can be viewed
as
a management approach
which operationalizes a new paradigm in management.
l‘he
new
paradigm
has
surpassed mars production
as
the most attractive management philosophy in most dy-
namic, global industrial sectors.
Depuis
les
annks
80, les entreprises confrontks
a
la concurrence
sur
les marchks mondiaux ont fourni un
effort colossal pour
y
maintenir
leur compktitivitk
(ou
l’ac-
croitre).
Celui-ci
s’ea
traduit par Emergence de multiples
actions
:
cercles de qualitk, programmes de productivitk,
syst&mes de gestion des matikres (MRP), systkmes de fa-
brication intk- assistb par ordinateur
(SFIAO
ou
Computer Integrated Manufacturing-CIM), atelier de
fabrication flexible (Flexible Manufacturing System-
FMS)
usine du futur, entreprise du troisikme type,
en-
treprise
excellente, gestion intkgrale de la qualitk
(GIQ
ou
Total
Quality
Management TQM), juste-a-temps
(JAT),
fabrication de classe mondiale (World Class Ma-
nufacturkg-WCM), etc., (Archier
&
Serieyx, 1987;
Dertouzos,
Lester
&
Solow, 1989; Duguay
&
Dumas,
1985; Hayes
&
Wheelwright, 1984, Kendrick, 1984;
F’riere
d’adrwser
toute
conespondance
a
Claude
R.
Duguay,
Service
de
Gstion
des
ophtions
et
de
la
production,
&ole
des
Hautes
Etudes
Commerciales,
5255,
avenue
Decelles,
MontnW,
QC,
Canada,
H3T
1V6.
@ASAC
1995
144
Kohse, 1993; Miller
&
Kim, 1991; Peters
&
Waterman,
1984; Wellins et
al.,
1993; Wight, 1981).
Toutes
ces
actions sont des rkponses au
besoin
de
compititivitk des entreprises face
A
la concurrence qui
s’est
intensifik
avec la mondialisation de plusieurs grands
marchks industriels comme
ceux
de l’automobile
ou
de
l’klectronique.
Loin
de s’exclure mutuellement,
ces
actions
se rejoignent, se chevauchent, se combinent et peuvent
se renforcer.
Dans
cet article nous considkrons deux concepts
glo-
balisants soit
la
qualitk totale et
la
productivitk.
Ces
deux
concepts ont une extension particuliknent grande.
Ils
ont ktk tour
a
tour l’objet des vogues les plus considkra-
bles; d’abord la productivitk avec l’essor de la production
de masse puis,
sous
l’impact des
suds
des producteurs
japonais depuis une vingtaine d’annkes, la gestion de la
qualitk totale (Teboul, 1990). Toutes
ces
vogues sums-
sives ont pour origine le
souci
des entreprises soit d’am-
kliorer leur compktitivitk, soit simplement de la maintenir
dans le contexte de mondialisation actuelle.
Dans
ce
contexte, un troisikme concept, celui de fabrication de
Revue
canadienne
des
sciences
de
l’administration
Canadian
Journal
of
Administrative
Sciences
U2),
144-160
classe mondiale, pr6sente un intkrCt particulier pour struc-
turer et comprendre l’ensemble des actions visant
a
sou-
tenir la compktitivitk des entreprises. En effet, le concept
de fabrication de classe mondiale rkfere au positionne-
ment stratkgique d’une entreprise pour se demarquer de
ses
concurrents sur
un
marchk donnk et renvoie aux
moyens
a
mettre
en
oeuvre pour
y
parvenir (Miller
&
Kim,
1991; Miller
&
Roth,
1988).
Nous
nous proposons ici de faire ressortir comment
la recherche d’un statut de fabrication de classe mondiale
s’appuie sur la gestion de la qualitk totale
(Total
Quality
Management-TQM) et l’amklioration de la producti~tk
dans
une perspective de gestion. Cette relation d’appui
va kgalement dans l’autre
sens.
En effet, en axant son
effort de qualitk totale sur la fecherche d’un statut de
classe mondiaie, I’entreprise se donne
un
puissant moyen
d’orientation et de coordination des efforts d’mklioration
de ses processus que dkploient ses employks mobilisks.
Cette proposition vaut aussi
pour
l’am&oration de la pro-
ductivitk. Toutefois la qualitk totale nous apparait come
une approche de gestion caractkristique du nouveau
paradigme de gestion qui, dam les
secteurs
industriels
dynamiques qui sont devenus des enjeux mondiaux,
surclasse de plus
en
plus la production de masse
tradi-
tionnellement ktroitement
associk
a
la pro-
ductivitk
(Dertouzos
et
d.,
1989; Duguay
&
Landry,
1992).
Fabrication de classe mondiale
Pour Hayes, Wheelwright et Clark (1988), atteindre
le statut de fabrication de classe mondiale sigmfie
“Ctre,
de fqon soutenue, meilleur que presque toute autre
en-
treprise de son secteur industriel sur au moins
un
des
critkres de performance des opkrations qui dktermine un
avantage concurrentiel”
@.
19). MCme si cette dkfinition
met l’accent
sur
les propnktks des extrants de l’entreprise
vue comme un systkme, les divers auteurs soulignent la
nksiti de maintenir
cet
avantage au long
des
annks.
Pour
ce
fake, l’entreprise doit acqukrir la maitrise de son
systkme de production et l’amkliorer constamment
grk
a
une approche systkmique de la gestion des ressources
reposant
sur
un certain nombre d’klkments clb tels
:
la
pr6occupation centrale du client et de la qualitk, le recours
a
une stratkgie des opkrations pour mettre
en
place et
mettre
en
oeuvre avec cohkrence et cohbion les
res-
sources de production, le souci de la mobilisation des
res-
sources humaines et de l’kvaluation des performances
in-
cluant des
faits
autres que financiers, etc. (Etienne, 1994;
GSi, 1990). Or nous montrerons plus loin que
ces
divers
traits
sont au coeur mCme de l’approche de gestion de
la qualitk totale. Quand on pale de fabrication de classe
mondiale, l’accent est d’abord stratkgique.
DUGUAY
FABRICATION
DE
CLASSE
MONDIALE,
PRODUCT’IVITE
ET
QUALXTE
TOTALE
145
12(2),
w-160
La
crit2ra
de
pe$ormance dtu?
point
de
vue
strat&que
Les criteres de performance kvoquk dam la dkfi-
nition
cidessus
rkfkrent
A
des caractkristiques de l’offre
de l’entreprise
A
ses clients par lesquelles elle veut se
dkmarquer de
ses
concurrents. Miller et Roth (1988) les
dbignent aussi par des capacitb stratkgiques ou capacitks
elks
de concurrence (strategic capabilities, key competitive
capabilities).
Selon les auteurs, on peut retrouver
un
plus ou moins
grand nombre de critem de performance.
Marshall
et
Abernathy (1975) sont les plus concis.
Ils
en proposent
trois
:
la qualitk de l’extrant, son coiit,
sa
ponctualitk (ti-
meliness);
ce
sont
les
plus classiques.
Le
comitk sur les
fondements de la fabrication industrielle (manufacturing)
en
retient cinq, soit le
seMce
au client et la rapiditk
a
rkagir aux demandes des clients
en
outre des
trois
critkres
kvoquks
cidessus
(Heim
&
Compton, 1992).
Dans
les
enqu6tes
sur
les perspectives futures
dans
le
secteur
ma-
nufacturier Miller et Roth (1988)
en
recensent onze (voir
tableau 1 ci-apk).
Ceci
leur permet d’analyser l’impor-
tance relative accord&
a
ces critkres selon
les
annkes
et
selon les
secteurs.
La
recherche d’une performance de classe mondiale
explique le souci de la compktitivitk que l’on retrouve
gknkralement dans les entreprises soumises
a
la
concur-
rence
sur
le marchk.
Par
dkfinition, la compktitivitk
est
kminemment relative et dynamique. Suivant que les
concurrents rattrapent un
retard
ou introduisent une
in-
novation pour attirer les clients, la fqon de rechercher
un
avantage comp6titif
sur
un
marchk
en
sera
affect&.
Ainsi Miller et Roth (1988) notaient une kvolution, pour
la pkriode 83-87, pour l’ensemble des entreprises
ob-
sen& dans leur enqu6te
:
l’accent s’ktait diplack de la
qualitk de performance du produit vers la dimension
temps (livraison
a
temps, introduction de nouveaux pro-
duits).
Par ailleurs, l’importance relative des critkres de per-
formance varie kgalement d’un secteur
a
l’autre.
Ainsi,
selon le relevk de Miller et
Roth
pour 1987, les fabricants
du domaine de l’hentation interrogks accordaient un
rang moins tlevk au critkre qualitk de performance des
produits que
ceux
des
secteurs
de l’klectronique et de la
machinerie, par contre un vaste dseau de distribution
y
ktait considkrk comme beaucoup plus important que
dam
ces
deux
secteurs
(voir tableau
2
ci-aprks).
Un klkment remarquable
dans
les
traits
des entre-
prises de classe mondiale est l’ampleur des am6liorations
de performance rkh
au
cours des derrieres
annks.
Par exemple
dans
plusieurs domaines on est pasd d’in-
dicateurs de produits dkfectueux
exprimks
en
pourcentage
a
des
indicateurs
exprimks
en partie par
millions
@.p.m.)
(Garvin, 1986).
Ces
rbultats sont
illustrks
par la rkvkion
Revue
denne
des
sciences
de
l’administration
Canadian
Journal
of
Administrative
Sciences

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